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 X. Paris sous les Bourbons. - Louis XIV

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Edmond
Edmond
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MessageSujet: X. Paris sous les Bourbons. - Louis XIV   X. Paris sous les Bourbons. - Louis XIV EmptyLun 16 Déc - 18:55

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Les Bourbons (suite).
Le règne de Louis XIV fut d'abord une époque de prospérité. Mais après les brillantes victoires du début, la conquête de la Franche-Comté et de l'Alsace, vinrent les revers, la misère, la famine, presque la banqueroute. L'industrie, florissante sous le ministère de Colbert, reçut un coup mortel par la révocation de l'Édit de Nantes. L'armée, que Louvois avait réorganisée, était dans le plus grand désordre à la fin du règne. La population diminuée ne fournissait plus à l'agriculture qu'un nombre de bras insuffisant. Le peuple était écrasé d'impôts. Mais les malheurs qui ont accablé la nation sous un souverain vieilli ne peuvent faire oublier les grandes choses accomplies pendant un règne de soixante ans, auquel l'histoire gardera toujours le nom de siècle de Louis XIV.

Débuts du règne.
Louis XIII mourut au château de Saint-Germain-en-Laye, le 14 mai 1643. Son fils et son successeur Louis XIV y était né cinq ans avant, le 5 septembre 1638.

Les débuts du règne furent brillants au delà de toute espérance. Anne d'Autriche gouvernait, avec Mazarin pour premier ministre, et la brillante victoire remportée par Condé sur les Espagnols, à Rocroy, fut suivie pendant cinq ans d'autres grands succès.

La Fronde.
Ces victoires sur l'étranger n'empêchèrent pas la guerre civile. Elle éclata en 1648. Le contrôleur des finances, un italien, d'Émery, avait créé deux nouveaux impôts. Le premier, le tarif, était un droit établi sur toutes les marchandises entrant dans Paris ; c'est ce que nous appelons aujourd'hui l'octroi. Aujourd'hui l'octroi appartient à la ville même et il sert à couvrir les dépenses innombrables qu'exige son entretien ; mais le droit d'entrée inventé par d'Emery était destiné au roi, c'est-à-dire que ceux qui le payaient n'en pouvaient espérer aucun profit. L'autre impôt, le toisé, frappait les maisons très nombreuses bâties depuis cent ans en dehors des murailles de la ville, malgré les vieux privilèges qui les exonéraient. Ces deux impôts avaient excité les Parisiens contre le ministère, et surtout contre Mazarin, qu'on détestait comme Italien.

Arrestation de Broussel. Les Barricades.
Ce fut l'arrestation d'un conseiller au Parlement, appelé Broussel, qui fit éclater la révolte. Broussel était très aimé, parce qu'il soutenait toujours le peuple. Aussi quand on vint l'enlever dans la maison qu'il habitait dans la Cité, rue Saint-Landry, les rues se couvrirent en un clin d'œil de barricades et tout le monde fut sous les armes. La révolte était dirigée par un homme ambitieux et habile, Paul de Gondi, célèbre sous le nom de cardinal de Retz. Il était coadjuteur (c'est-à-dire suppléant avec promesse de succession) de l'archevêque de Paris, son oncle, et ambitionnait ardemment la dignité de cardinal, qu'il n'obtint que longtemps après. Il fallut qu'Anne d'Autriche cédât et rendit aux Parisiens leur idole, Broussel, que l'on porta en triomphe jusqu'à sa demeure. Ce fut là l'origine d'une longue guerre civile qui s'appela la Fronde.

Voici l'origine de ce nom. Vers cette époque, les enfants du peuple s'amusaient à lancer des pierres avec des frondes dans les terrains encore peu habités de la butte Saint-Roch. En vain les archers du roi s'opposaient à ce jeu dangereux ; à peine s'étaient-ils éloignés que les jeunes espiègles revenaient aussitôt se livrer à leur plaisir favori.

Les Frondeurs politiques ne faisaient pas autrement : soumis en apparence aux volontés de la régente et du premier ministre, ils ne manquaient aucune occasion de dénigrer, de fronder le gouvernement quand ils étaient sûrs de l'impunité.

Convention de Rueil.
Devant l'attitude de la capitale, la cour et Mazarin avaient été forcés de s'enfuir à Saint-Germain, pour y mettre le jeune roi à l'abri d'un coup de main. Paris restait au pouvoir des Frondeurs et eut pour véritable souverain le Parlement ; ce fut, pendant quelque temps, comme une république gouvernée par une assemblée de représentants du peuple. Il y eut quelques escarmouches peu importantes dans la ville et aux environs ; mais on ne tarda pas à tourner la révolte en plaisanterie et à faire surtout une guerre de pamphlets, de satires, de mazarinades.

Un rapprochement eut lieu enfin, et la paix fut conclue à Rueil, bourg situé près de Saint-Germain, en mars 1649 : une amnistie générale était accordée à tous les révoltés, mais les Parisiens ne purent obtenir le renvoi de Mazarin. Le 18 août de la même année, la cour fit sa rentrée solennelle à Paris.

Reprise de la guerre civile. La Fronde des princes (1650).
La tranquillité fut de courte durée. La Fronde n'était pas une révolte du peuple, mais bien de la bourgeoisie mécontente, puis, plus tard, des princes du sang eux-mêmes. Le grand Condé, le vainqueur de Rocroy, était parmi ces mécontents ; il se croyait le droit, après ses victoires, d'avoir la plus grande part du pouvoir. Anne d'Autriche ne craignit pas de le faire arrêter, ainsi que son frère, le prince de Conti, et son beau-frère, le duc de Longueville. Les trois princes furent emprisonnés d'abord à Vincennes, puis à Marcoussis, château situé à six lieues de Paris, et enfin au Havre.

Ce fut le signal d'une nouvelle et très grave rupture entre la ville et la cour. Les princes ne restèrent pas longtemps prisonniers, mais ils ne pardonnèrent ni à Anne d'Autriche ni à Mazarin. Il y eut dès lors deux armées en présence : l'armée royale, à la tête de laquelle vint se mettre Turenne, et l'armée des princes, commandée par Condé.

Toutes deux campèrent aux portes de Paris, se tenant prêtes à marcher au premier signal.

Combat du faubourg Saint-Antoine.
Au mois de juillet 1652, les deux armées se rencontrèrent. Turenne poursuivait le prince sous les murs mêmes de la ville ; il le serrait de si près, qu'il fallut livrer bataille dans le faubourg Saint-Antoine, alors en dehors des murailles. Les troupes de Condé étaient moins nombreuses ; aussi, malgré leur valeur et l'habileté de leur chef, elles allaient être écrasées entre l'armée royale et le rempart de Paris, faute de pouvoir avancer ni reculer. Tout à coup le canon de la Bastille se fit entendre. Des hauteurs du Mont-Louis, — aujourd'hui la colline du Père-La-Chaise, — où Mazarin avait conduit le jeune roi, la cour se réjouissait, croyant que les Parisiens achevaient de détruire l'armée de Condé. Il n'en était rien, car les boulets vinrent s'abattre au milieu des troupes de Turenne, qui, surprises par cette attaque, se dispersèrent sans combattre. C'était mademoiselle de Montpensier qui avait ainsi modifié le succès de la bataille. De sa propre autorité, elle avait fait tirer le canon et donné l'ordre d'abaisser les ponts-levis de la porte Saint-Antoine pour permettre à l'armée de Condé de trouver un refuge dans Paris.

Fin de la Fronde.
Paris appartenait aux princes ligués contre le gouvernement ; celui-ci dut retourner à Saint-Denis, tandis que, dans la capitale, le duc d'Orléans devenait le chef officiel de la Fronde. Les Parisiens adoptèrent comme signe de ralliement un bouquet de paille qu'ils fixaient au chapeau. Il y eut des scènes violentes et même sanglantes ; certains officiers municipaux étaient accusés d'être partisans du Mazarin, et l'Hotel-de-Ville subit, le 4 juillet, un véritable siège. Les chefs de la Fronde ne craignirent pas d'appeler l'étranger dans leurs rangs : il y eut un traité d'alliance conclu entre Condé et l'Espagne. Mais une réaction se produisit, et la reine ayant consenti à renvoyer momentanément Mazarin, une réconciliation eut lieu qui termina définitivement la Fronde.

Entrée de Louis XIV à Paris.
Au mois de septembre suivant, Louis XIV entra à Paris au milieu des acclamations du peuple.

Mais le nouveau roi habita surtout Versailles et ne vint que fort rarement dans sa capitale, qu'il n'aimait pas depuis les troubles de la Fronde.

Cependant il s'occupa beaucoup de Paris, y fit élever des édifices grandioses, et, secondé par son ministre Colbert, y créa un grand nombre d'institutions.

X. Paris sous les Bourbons. - Louis XIV 00000_32
Plan de Paris à l'avènement de Louis XIV. Echelle de 1/30 000.

Suppression des Justices particulières. Amoindrissement de l'autorité municipale.
Une réforme très importante eut lieu en 1674. Ce fut la suppression des seigneuries particulières qui avaient chacune leurs tribunaux, leurs usages judiciaires, leurs potences, etc. On a déjà dit que, depuis le régime féodal, Paris était divisé en plusieurs seigneuries : un habitant de la rue de Buci portait ses contestations devant le tribunal de l'abbé de Saint-Germain-des-Prés ; un habitant de la rue aux Ours était justiciable du prieur de Saint-Martin-des-Champs, etc. De là une complication très grande dans l'administration de la justice. Louis XIV y mit fin en supprimant tous ces tribunaux pour les réunir à la seule juridiction du Châtelet.

Ce fut aussi vers le même temps que Paris perdit ses franchises municipales. Les besoins toujours croissants du trésor amenèrent en effet Louis XIV à convertir les fonctions de prévôt des marchands, d'échevins, de conseillers, de procureur de la ville, etc., en charges vénales, c'est-à-dire achetées fort cher au roi.

Quelques honneurs, d'importants privilèges, furent désormais le seul prix attaché à ces fonctions ; mais on comprend qu'elles ne purent plus s'exercer librement, et qu'en réalité l'administration municipale tomba tout à fait à la merci du pouvoir royal.

Fêtes sous Louis XIV.
Louis XIV aimait le faste ; pendant son règne des fêtes splendides furent données par lui ou en son honneur. La plupart avaient lieu dans la résidence favorite du roi, au palais de Versailles. Cependant deux grandes solennités furent célébrées à Paris.

La première fut un somptueux carrousel que fit représenter Louis XIV, au mois de juin 1662, sur un vaste emplacement situé entre le Louvre et les Tuileries, qui reçut depuis le nom de place du Carrousel.

La seconde fut un banquet offert au roi en 1687 par la municipalité de Paris. Le festin eut lieu à l'Hôtel-de-Ville. On avait été jusqu'à Rouen chercher des veaux engraissés dans les pâturages des bords de la Seine et appelés veaux de rivière, c'était un mets très goûté à cette époque. Il y eut, pour le premier service, cent cinquante plats ou assiettes ; pour le second, vingt-deux grands plats de rôti, vingt et un plats d'entremets et soixante-quatre assiettes ; puis, des fruits servis avec abondance et une profusion de fleurs, quoiqu'on fût en plein hiver ; enfin toutes sortes de liqueurs. Le roi était servi par le prévôt des marchands, vêtu de sa plus belle robe de cérémonie ; les échevins servaient le dauphin, la dauphine et les princes du sang : les autres officiers de la Ville se tenaient derrière les personnages de marque et les dames.

Grand hiver de 1709.
Comme contraste à ces fastueuses réjouissances, un hiver redoutable et une misère extrême sévirent sur Paris quelques années plus tard, en 1709. Près de cinq mille personnes moururent de faim et de maladie dans les divers hôpitaux. La disette fut telle, que les gens mêmes de la Cour avaient peine à se nourrir. Pour remédier un peu à cette détresse, on fit vendre une partie des biens de l'Hôtel-Dieu, jusqu'à concurrence de 800 000 livres.

Embellissements de Paris sous Louis XIV.
Si, pendant ce règne, Paris perdit son importance municipale, il commença à recevoir une organisation administrative régulière. La police, qui avait été jusque-là confondue avec l'administration, forma un service séparé, en 1667, et fut mise sous la direction d'un lieutenant de police. Le service de la voirie fut créé, et des mesures sévères assurèrent le bon entretien des rues, jusqu'alors d'une malpropreté horrible. Enfin, six mille cinq cents lanternes, brûlant jusqu'à minuit, éclairèrent, bien imparfaitement encore, il est vrai, la voie publique, autrefois plongée dans une profonde obscurité. Les anciennes fortifications furent détruites et remplacées par une ceinture de boulevards, qui sont nos grands boulevards actuels ; des quais et des ports nouveaux donnèrent un grand essor à la navigation de la Seine.

Monuments du règne de Louis XIV.
Un grand nombre de monuments s'élevaient aussi de tous côtés, faisant de Paris la plus belle des capitales de l'Europe.

Louis XIV y contribua pour une grande part ; c'est sur ses ordres que furent continués les travaux du Louvre, auquel Perrault ajouta, en 1670, sa majestueuse colonnade.

Cette colonnade du Louvre avait été d'abord commencée par un célèbre architecte italien, le « cavalier Bernin ». Sa suffisance et son caractère hautain firent qu'on fut forcé de le renvoyer en Italie.

L'habile Le Nôtre dessinait alors les jardins des Tuileries et des Champs-Élysées, et l'architecte Mansart, assisté de Libéral Bruant, construisait l'église de l'Hôtel des Invalides, élevé pour recevoir les soldats blessés ou mutilés au service du roi.

En même temps furent construites les portes monumentales que nous admirons aujourd'hui sur nos grands boulevards et qui étaient destinées à perpétuer le souvenir des victoires remportées par le Roi-Soleil. Outre les portes Saint-Denis et Saint-Martin, il y en avait deux autres qui disparurent plus tard : la porte Saint-Antoine, près de la Bastille, et la porte Saint-Bernard, située sur le quai du même nom.

X. Paris sous les Bourbons. - Louis XIV 00000_36
La porte Saint-Bernard.

Elle faisait déjà partie de l'enceinte de Philippe-Auguste. En 1674, l'architecte Blondel y éleva un arc de triomphe en l'honneur de Louis XIV ; le tout a été détruit depuis longtemps.

Sous le règne de Louis XIV, Paris vit s'élever de nombreux établissements religieux. Le séminaire des Missions étrangères, rue du Bac, fut fondé en 1663 pour former des missionnaires chargés d'aller enseigner la foi catholique dans les pays de l'Extrême-Orient ; l'église, située au coin de la rue de Babylone, est une chapelle succursale de Saint-Thomas-d'Aquin. Le séminaire Saint-Sulpice, sur la place du même nom, existe encore ; c'était une communauté d'hommes qui se préparaient à entrer dans les ordres ; il a conservé de nos jours sa destination première. L'abbaye de Sainte-Perrine, établie d'abord à La Villette, fut transférée à Chaillot en 1746. Depuis la Révolution, cet établissement a été transformé en une maison de retraite pour les vieillards ; il y a quelques années, il a été installé à Auteuil. L'Abbaye-aux-Bois, rue de Sèvres, avait été fondée au moyen âge dans les bois de la Picardie ; elle se transporta à Paris en 1667. Au commencement de notre siècle, cette maison religieuse fut célèbre par quelques femmes de lettres qui y habitèrent, notamment madame Récamier.

Les hôpitaux parisiens furent réorganisés sous Louis XIV. Plusieurs d'entre eux, peu importants et n'ayant pas les ressources suffisantes pour subvenir à leurs dépenses, furent réunis, au point de vue administratif, sous le nom d'Hôpital général : le siège principal de cette administration fut à la Salpêtrière à partir de 1667. De la Salpêtrière, qui doit son nom à une fabrique de salpêtre à laquelle a succédé l'hospice, dépendaient, entre autres, la Pitié, la maison Scipion, — devenue la boulangerie des hospices, — et Bicètre, ancien château dont le nom défiguré est celui d'un de ses possesseurs au moyen âge, l'évêque de Winchester.

Pour terminer cette liste, il faut encore rappeler la fondation de deux établissements importants : la manufacture des Gobelins et l'Observatoire.

Les Gobelin étaient une famille de teinturiers qui utilisaient les eaux de la Bièvre pour leur industrie ; Louis XIV installa dans leur établissement, en 1667, la fameuse fabrique des tapisseries royales qui existe encore aujourd'hui. Colbert y annexa en outre une école des arts du dessin qui imprima un grand essor à l'art industriel en France.

L'Observatoire, construit en 1672 par Claude Perrault, fut destiné à être le centre des études d'astronomie et de météorologie.

Enfin, de nombreux hôtels furent élevés à grands frais par les seigneurs qui se pressaient à la cour du souverain. On peut citer, entre autres, l'hôtel d'Antin, duquel dépendait le Pavillon de Hanovre qui nous est resté, et l'hôtel Mazarin, entre les rues Vivienne et de Richelieu, où est maintenant installée la Bibliothèque nationale.

X. Paris sous les Bourbons. - Louis XIV 00000_35
               Molière (1622-1673).

Les Lettres et les Arts sous Louis XIV.
Jamais Paris ne vit dans ses murs une réunion aussi nombreuse de grands écrivains et de grands artistes. Pour les lettres proprement dites, Racine, Boileau, Molière, La Fontaine ; pour l'éloquence chrétienne, Bossuet, Bourdaloue, Fénelon, Massillon ; pour la peinture, Lesueur, Claude Lorrain, Le Poussin, Mignard ; pour l'architecture, Perrault et Mansart ; pour la musique enfin, Lulli et Quinaut. C'est la gloire de Louis XIV d'avoir su distinguer et retenir auprès de lui tant d'hommes illustres, dont les œuvres immortelles ont fait donner à son règne le nom de Siècle de Louis XIV.

La vie à Paris sous Louis XIV.
Pendant ce siècle brillant, la cour, il est vrai, était à Versailles ; mais la distance qui sépare cette ville de Paris n'est pas grande et les seigneurs venaient souvent prendre leur part des mille plaisirs que leur offrait la capitale. C'étaient : les théâtres, où l'on se rendait dans l'après-midi, de quatre heures à huit, et non le soir comme maintenant ; les cafés, d'institution toute récente, où déjà l'on se réunissait pour discuter les questions littéraires ; les maisons de jeu, enfin, très fréquentées à cette époque. Un des grands plaisirs du temps était d'aller à la Foire Saint-Germain. On y trouvait des théâtres, des marchands forains, des spectacles populaires : c'était aussi un lieu de rendez-vous. Le marché Saint-Germain a remplacé la célèbre foire et son aspect rappelle un peu celui qu'elle devait avoir jadis.

X. Paris sous les Bourbons. - Louis XIV 00000_34
Le costume sous le règne de Louis XIV

Il y a encore à Paris, et surtout dans le quartier du Marais, beaucoup de maisons de ce temps. Ce coin de la ville, si paisible aujourd'hui, et dont l'industrie n'a envahi qu'une partie, était alors le quartier élégant par excellence. Il n'est pas rare d'y apercevoir, au fond d'une vaste cour, un hôtel d'aspect sévère, aux hautes fenêtres ; l'ensemble, quoique froid et triste, a un cachet de vraie grandeur. A côté de ces hôtels, les habitations du peuple étaient fort modestes. On peut en voir beaucoup dans les rues étroites du centre, du côté des rues Coq-Héron et du Bouloi, ou bien dans les quartiers voisins de Saint-Merry.

Depuis un siècle, la mode s'était répandue, chez toutes les personnes de condition aisée et chez les bourgeois, d'avoir aux portes de la capitale une maison de campagne, afin de se soustraire au tumulte, déjà très grand, de la ville. Dans une de ses spirituelles Satires, Boileau ne s'écrie-t-il pas, en se lamentant sur le vacarme de Paris :

           "  Qui frappe l'air, bon Dieu, de ces lugubres cris ?
              Est-ce donc pour veiller qu'on se couche à Paris ? "

Aussi habitait-il volontiers, lui et ses amis, le joli village d'Auteuil, qui a toujours beaucoup attiré les Parisiens.

Le droit des pauvres.

On entend par cette expression l'impôt prélevé par l'Assistance publique au profit des hospices et hôpitaux sur les recettes des théâtres. Ce droit date du dix-septième siècle.

Louis XIV avait supprimé, en 1677, la confrérie de la Passion. Il avait réuni ses biens à ceux de l'Hôpital général, qu'il venait de créer et qui était, non pas un seul établissement, mais une véritable administration hospitalière, origine réelle de notre Assistance publique. Par suite, l'Hôpital général reçut les loyers de l'hôtel de Bourgogne, où se donnaient les représentations théâtrales ; plus tard, ce bénéfice vint à lui manquer quand l'hôtel disparut ; aussi le roi le remplaça-t-il, en 1699, par l'impôt d'un sixième sur la recette de chaque soirée. Cet impôt existe encore aujourd'hui : il est compris dans le prix que paye chaque spectateur ; mais il n'y a pas soixante ans, on le payait encore séparément, à un guichet spécial placé dans l'intérieur des théâtres.

Incendies et pompiers.
Autrefois, les ressources dont on disposait pour combattre les incendies étaient bien insuffisantes : aussi n'était-il pas rare que le feu dévorât tout un village et même une ville. Grégoire de Tours raconte qu'en 586 un incendie consuma toutes les maisons de Paris, de Saint-Séverin jusqu'à l'oratoire de Saint-Martin, qui était situé sur l'emplacement actuel de la tour Saint-Jacques.

Plus tard, les secours furent un peu mieux organisés. Une congrégation religieuse, celle des Capucins, se donna la mission de courir au feu ; mais les instruments dont elle se servait étaient encore bien primitifs. Il faut arriver à la fin du dix-septième siècle pour trouver l'origine des systèmes actuels de sauvetage. Un comédien de la troupe de Molière, appelé Dumouriez du Périer, ayant remarqué dans ses voyages à l'étranger qu'on se servait de pompes manœuvrées par des hommes pour projeter l'eau sur les foyers d'incendie, sollicita le privilège de faire fonctionner à Paris des appareils analogues. Il l'obtint en 1669 ; il eut d'abord trois pompes, qui, paraît-il, firent merveille. Plus tard le nombre en fut porté à trente. La maison où elles étaient remisées était située rue Mazarine ; elle existe encore, non loin de la porte de l'Institut.

Écoles et maîtres d'école sous l'ancien régime.
Jusqu'à la Révolution, le nombre des écoles fut fort limité et leur organisation très défectueuse. L'instruction donnée au peuple était presque nulle et entièrement aux mains du clergé. Une sorte de rôle de contributions dressé sous Philippe-le-Bel, vers 1290, indique qu'il y avait alors à Paris onze maîtres ou maîtresses d'école qui payaient l'impôt.

Il ne faut pas confondre ces écoles avec les collèges qui s'étaient déjà multipliés au quatorzième siècle dans le quartier dit de l'Université, c'est-à-dire aux alentours de la Sorbonne. Ces collèges correspondaient à peu près à ce que nous appelons aujourd'hui établissements d'enseignement secondaire.

Quant aux écoles primaires ou petites écoles, lorsqu'elles commencent à apparaître dans l'histoire, on voit qu'elles dépendaient toutes de la cathédrale et étaient soumises à l'autorité du chantre, qui était, après le doyen du chapitre, le second dignitaire des chanoines de la cathédrale. Le chantre garda ce privilège depuis 1380 jusqu'à la Révolution.

Au seizième siècle, il y eut une contestation entre le chantre et l'Université de Paris à propos des maîtres écrivains, qui sollicitèrent et obtinrent le droit de tenir, eux aussi, des petites écoles. Le Parlement les autorisa même, cent ans plus tard, à mettre au-dessus de leurs portes des écriteaux où on lisait ces mots : Maître d'école qui enseigne à la jeunesse à lire, écrire et former les lettres, la grammaire, l'arithmétique et calcul, tant au jet qu'à la plume, et prend des pensionnaires. Jet est une abréviation du mot jeton ; c'était une méthode de calcul avec des jetons. On se rappelle que le célèbre Malade imaginaire de Molière additionne ainsi les comptes de son apothicaire, au moment où commence la pièce. Voilà à peu près tout ce que les enfants du peuple apprenaient alors.

Ces écoles étaient payantes ; mais il y en avait aussi de gratuites, qui s'appelaient écoles de charité. Dans beaucoup d'églises, des personnes pieuses, à leur mort, laissaient une somme d'argent, faisaient ce qu'on appelle une fondation, pour payer un prêtre qui tiendrait l'école de charité de la paroisse.

En 1672, il y avait trois cent trente-quatre maîtres ou maîtresses d'école placés sous la direction du chantre, tant dans la ville que dans la banlieue ; mais chacun d'eux n'avait qu'un fort petit nombre d'enfants sous sa garde.

Dans les règlements d'alors nous trouvons plus d'un usage qui s'est maintenu jusqu'à nos jours : le jeudi consacré au repos, le jour de Saint-Nicolas adopté pour la fête annuelle des garçons, la Sainte-Catherine pour la fête des filles, et une foule d'autres qu'il serait trop long de rapporter.

Parisiens célèbres du dix-septième siècle.
Boileau (1636-1711) peut-être né à Paris, ou à Crosne, village voisin de Villeneuve-Saint-Georges, à quatre lieues de Paris. Ses principaux ouvrages sont : les Satires, les Epîtres, l'Art poétique, et un poème héroï-comique, le Lutrin.

Molière, le plus grand poète comique français, naquit rue Saint-Honoré, 96, au coin de la rue Sauval, le 15 janvier 1622, et mourut le 16 février 1693, rue de Richelieu, dans la maison qui porte actuellement le numéro 34, en face de la fontaine Molière. Ses œuvres les plus célèbres sont : le Misanthrope, Tartuffe, l'Avare, le Bourgeois gentilhomme, les Femmes savantes et le Malade imaginaire.

Claude Perrault (1613-1688), médecin et architecte : c'est à lui qu'on doit la colonnade du Louvre.

Charles Perrault, frère du précédent (1628-1705), connu surtout par ses charmants Contes de fées.

La Bruyère (1644-1696), l'auteur des Caractères.

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