L'Amapá (prononcé en portugais : /ɐ.mɐˈpa/) est un État fédéré du Brésil, situé sur la côte atlantique, dans l'extrême nord du pays. Il est bordé au nord par la France (Guyane) et le Suriname, à l'est par l'océan Atlantique et au sud et à l'ouest par le Pará. Il est délimité au sud par le delta de l'Amazone. En 2019, l'État, qui compte 0,4 % de la population brésilienne, est responsable de 0,22 % du PIB du pays.
Il a une superficie de 140 276 km2 et compte 845 731 habitants en 2019.
Les villes les plus peuplées sont Macapá, la capitale (507 444 habitants) et Santana (113 854 habitants).
PréhistoireSite archéologique de Calçoene.
Article détaillé : Site archéologique de Calçoene.Une équipe d'archéologues brésiliens a découvert près de Calçoene, dans le bassin amazonien, près de la Guyane, un observatoire astronomique datant probablement de 2 000 ans (étude des céramiques trouvées sur les lieux).
Selon l’archéologue Mariana Petry Cabral, de l’Institut de recherche scientifique et technologique d’Amapá (IEPA), seule une société organisée a pu être en mesure d’ériger un tel monument mégalithique.
L’observatoire est constitué de 127 blocs de granite, mesurant chacun 3 m de hauteur, disposés en cercles réguliers dans une clairière de la forêt amazonienne.
À la veille de l'arrivée des Européens, la zone est occupée par les porteurs de la culture Aristé.
HistoirePar le traité de Tordesillas, le territoire de l'actuel Amapá était dévolu à l'Espagne qui ne l'a cependant jamais revendiqué. Pendant l'union des couronnes espagnole et portugaise, la région est érigée en capitainerie de Costa de Cabo Norte (Côte du cap Nord) sous la direction de Bento Maciel Parente (pt). Cette décision visait sa protection contre les Français, les Hollandais et les Britanniques qui s'installent peu à peu dans la région.
Néanmoins, les principaux adversaires des Portugais étaient les Français installés à Cayenne. Le traité d'Utrecht de 1713 reconnut définitivement le Portugal comme maître de la région. Jusqu'au xixe siècle, l'Amapá ne sert que de rempart militaire sans activité économique. Lors de l'indépendance du Brésil en 1822, l'Amapá fait partie de la province de Pará.
La fièvre du caoutchouc au xixe siècle profite à l'Amapá.
La dispute avec la France sur le tracé exact de la frontière entre le Brésil et la Guyane ne fut pas réglée pour autant par le traité d'Utrecht et continua durant une période appelée « Contesté franco-brésilien », qui prit fin en 1900 lorsque les droits du Brésil furent reconnus par un arbitrage suisse.
En 1943, il est séparé du Pará et érigé en territoire.
Dans les années 1940, des gisements de manganèse sont découverts et exploités par une filiale de Bethlehem Steel Company. En 1970, un milliardaire américain, Daniel K. Ludwig, implante un méga-projet, le « Projet Jari » ; il s'agissait de fabrication de cellulose, d'exploitation de bois et de culture du riz. Ce projet n'aboutit pas.
En 1988, Amapá devient un État à l'occasion de l’adoption de la nouvelle constitution brésilienne.
L'Amapá a rendu en 1999 obligatoire l'enseignement du français dans les écoles publiques, à la suite d'une loi fédérale de 1998 obligeant les écoles publiques du pays à enseigner au moins une langue étrangère.
Le choix de l'Amapá pour le français s'explique par une volonté de rapprochement avec la Guyane, limitrophe, voire d'une volonté de désenclavement, vu l'isolement pour des raisons géographiques de cet État par rapport au reste du Brésil. Les garimpeiros, les chercheurs d'or brésiliens, qui prospectent en Guyane française de manière illégale, viennent à plus de 90 % de l'État brésilien de l'Amapá. Le plus souvent, ils possèdent des rudiments de français, vu que c'est la langue étrangère surtout enseignée dans les écoles de cet État, ce qui fait que les relations avec l'administration et la gendarmerie française en sont facilitées.
PopulationLes habitants sont appelés amapaenses en portugais. Ils étaient 831 027 en août 2018 (source IBGE). L'émigration est assez importante avec des Brésiliens pauvres venant d'autres États principalement du Nordeste et notamment de garimpeiros (chercheurs d'or illégaux).
Population des communes (municipios) par ordre décroissant selon l'institut brésilien de géographie et statistique pour 2018 publié au journal officiel :
- Macapá, 507 444 hab ;
- Santana, 113 854 hab ;
- Laranjal do Jari, 46 639 hab ;
- Oiapoque, 24 892 hab ;
- Porto Grande, 20 143 hab ;
- Mazagão, 19 981 hab ;
- Tartarugalzinho, 15 665 hab ;
- Vitória do Jari, 14 680 hab ;
- Pedra branca do Amapari, 14 560 hab ;
- Calçoene, 10 345 hab ;
- Amapá, 8 690 hab ;
- Ferreira Gomes, 7 087 hab ;
- Cutias, 5 523 hab ;
- Itaubal, 5 061 hab ;
- Serra do Navio, 5 025 hab ;
- Pracuúba, 4 655 hab.
Macapá, centre ville
La capitale, Macapá, concentre plus de la moitié de la population de l'État (507 444 habitants et 621 298 avec la conurbation). L'institut brésilien de géographie et statistique estime que l'État dépassera le million d'habitants en 2025.
Langue françaiseHistoriquement, une partie de l'État parle une sorte de créole français, le karipúna (appelé lanc'patua Louço-Francés par les locuteurs), qui fait de cette zone le seul espace francophone du Brésil. Cette langue est aujourd'hui peu parlée, les estimations les plus généralement admises font état de 500 à 1 000 locuteurs ; certaines montent cependant jusqu'à 20 000 personnes.
Depuis 1999, l'État d'Amapá a rendu obligatoire l'enseignement du français dans les écoles publiques. Le français a un certain succès, car la Guyane est quasiment le seul territoire étranger qui lui est limitrophe, et les pays anglophones sont très éloignés (le Guyana est le pays anglophone le plus proche). Les pays où l'on parle l'espagnol sont tous aussi hors d'atteinte, pour une population globalement assez pauvre et modeste, où les longs voyages sont coûteux. Les déplacements de la population, assez jeune, vers la Guyane française, sont très importants, où les emplois visés sont : garimpeiros (chercheurs d'or), dockers à Cayenne, travail dans le BTP (bâtiment et travaux publics), travaux agricoles, etc. L'Amapá est le seul État brésilien où la première langue étrangère apprise n'est pas l'espagnol, ni l'anglais, mais le français. Les institutions fédérales brésiliennes encouragent cette ouverture vers la Francophonie, vue comme un « tremplin » et un « pont » en direction des pays francophones.
Le Brésil souhaite maintenir l'usage du français dans cet État, car il ouvre des perspectives économiques et culturelles vers le marché et le monde francophones, alors que l'anglais et l'espagnol sont largement utilisés dans les autres États. Ainsi, cette démarche politique va en direction du monde francophone, qui n'est pas négligeable, surtout pour ce qui concerne des échanges avec la France, et un grand nombre d'États africains francophones. L'Amapá est donc vu comme une « fenêtre » expérimentale.
GéographieLe relief est peu accidenté ; l'altitude est en général inférieure à 300 m. Les rivières les plus importantes sont l'Amazone, le Jari, l'Oyapock (ou Oiapoque), l'Araguari, le Calçoene et le Rio Maracá.
ÉconomieL'économie se base sur l'extraction de la noix du Brésil (castanha-do-Pará), du bois et l'exploitation du manganèse.