Pie II, de son nom de naissance Enea Silvio Piccolomini, et généralement connu dans la littérature sous son nom latin Æneas Sylvius (né le 18 octobre 1405 à Corsignano, dans la République de Sienne et mort le 15 août 1464 à Ancône), fut le 210e pape de l'Église catholique (du 19 août 1458 au 15 août 1464).
Principales étapes de sa vie jusqu'à son avènementIl est né le 18 octobre 1405, et est le fils de Silvio Piccolomini de la Famille Piccolomini. Formé à Sienne et à Florence, alors foyers d'humanisme, Enea Silvio commence très jeune sa carrière dans le domaine diplomatique.
Il participe au concile de Bâle (1431-1449), où il assume une charge prééminente comme orateur et secrétaire.
Quand le pape Eugène IV transfère le concile à Ferrare, en 1438, Enea reste à Bâle avec les dissidents. Il fait partie de la délégation qui porte à Amédée VIII de Savoie l'annonce de sa nomination au pontificat. Devenu l'antipape Félix V (1439-1449), celui-ci le nomme son secrétaire.
Couronné poète lauréat en 1442 par l'empereur Frédéric III, pour son œuvre poétique et romanesque, il devient secrétaire de cet empereur qui l'utilise comme ambassadeur.
En 1445, au cours d'une mission, il choisit de se rallier au pape légitime de Rome, Eugène IV, et abjure devant lui ses erreurs. Il est nommé en 1446 secrétaire apostolique du pape. Il joue un rôle majeur dans le ralliement de l'Allemagne, qui jusque-là était restée neutre, à Eugène IV.
Il est ordonné prêtre le 4 mars 1447 et nommé évêque de Trieste le 19 avril 1447, puis de Sienne le 23 septembre 1450.
Il est envoyé comme nonce en Autriche et en Bohême par le pape Nicolas V. Pendant son séjour en Autriche, il écrit (1450) pour le jeune roi de Hongrie et de Bohême Ladislas un traité de l'éducation des enfants :Tractatus de liberorum educatione ad Ladislaum Ungariae et Boliemiae regem.
Créé cardinal le 17 décembre 1456 par le pape Calixte III, il est nommé évêque de Varmie le 12 août 1457. Il est élu pape le 19 août 1458, sous le nom de Pie II, et couronné le 3 septembre à la basilique Saint-Pierre de Rome.
Les grandes dates de son pontificatComme son prédécesseur, Pie II consacre toute son activité de pontife à la préparation de la croisade contre les Turcs, qui viennent de s'emparer de Constantinople (en 1453) et menacent la chrétienté.
Il crée un ordre de chevaliers appelé l’Ordre de Jésus, institué à Rome en 1459 pour organiser avec leur concours une croisade populaire.
Il réunit un congrès à Mantoue (Lombardie) du 1er juin 1459 au 14 janvier 1460, où il convoque tous les princes. Mais le succès est mitigé.
Le 18 janvier 1460, à Mantoue, il publie la bulle Execrabilis qui interdit les appels au concile et condamne le conciliarisme, comme doctrine de la supériorité du concile sur le pape.
À son retour à Rome, il réprime une conjuration qui s'est dressée contre le pouvoir temporel des papes, et se termine par l'exécution de Tiburzio et des principaux meneurs, le 31 octobre 1460.
En 1461, il écrit une Lettre à Mehmet II le Conquérant ottoman qui a pris Constantinople en 1453 (Epistola a Maometto) lui promettant de le reconnaître comme nouvel Empereur d'Orient s'il se convertit au catholicisme et protège l’Église. Cette lettre, très controversée, n'a jamais été envoyée.
Il canonise Catherine de Sienne le 29 juin 1461 au milieu de grandes festivités.
Cette même année 1461, Giovanni di Castro découvre les gisements d'alun de La Tolfa, sur le territoire pontifical, qui procurent au Saint-Siège d'importants revenus.
Le 12 avril 1462, réception solennelle à Rome du chef (de la tête) de saint André, enlevé à Patras par le despote de Morée, Thomas Paléologue. Le pape promet à cette occasion que la précieuse relique sera rendue à son siège « quand Dieu le voudra ». Cette promesse est réalisée par le pape Paul VI.
Le 12 avril 1462, dans la lettre Rubicensem, adressée à l'évêque de Guinée portugaise, il qualifie l'esclavage des Noirs de grand crime (magnum scelus).
En 1462, il élève son village natal de Corsignano au rang de ville et de résidence épiscopale, sous le nouveau nom de « Pienza », dérivé de Pius. Il entreprend un vaste programme confié à l'architecte Bernardo Rossellino, destiné à faire de Pienza une cité idéale de la Renaissance.
Profitant d'une période favorable de paix entre les États d'Europe, le 22 octobre 1463, il déclare la guerre aux Ottomans.
Le 18 juin 1464, il se dirige vers Ancône, sur l'Adriatique, où il attend les Vénitiens et le duc Philippe de Bourgogne, pour conduire la guerre contre les Turcs.
Pie II meurt d'épuisement le 15 août (souffrant depuis longtemps de la goutte), et l'entreprise est abandonnée. Son corps est inhumé à Rome dans l'église Sant'Andrea della Valle.
Bulles- 1460 - Execrabilis, qui interdit les appels au concile et condamne le « conciliarisme ».
- 4 avril 1460 - création de l'Université de Nantes, à la demande du duc de Bretagne François II
- 1463 - Pour l'union du Prieuré de Thil-sur-Arroux à la manse conventuelle de l'Abbaye de
Saint-Martin d'Autun, à la suite de la requête du cardinal Jean V Rolin, exécutée le 6 avril 1463.
Activité littéraireAeneas Sylvius fait partie des écrivains de l'humanisme du Quattrocento. Son œuvre variée, en latin, comprend :
- des ouvrages d'histoire, se présentant comme des chroniques, en particulier l'Historia Bohemica ;
- une autobiographie, conçue également sous la forme de la chronique (un peu à l'image de Froissart) ;
- un traité de l'éducation des enfants : Tractatus de liberorum educatione ad Ladislaum Ungariae
et Boliemiae regem ;
- une abondante correspondance ;
- des œuvres dites érotiques, dont l'Historia de Eurialo et Lucretia. Historia de duobus amantibus
(L'histoire de deux amants) ;
- une comédie, Chrysis.
Les Commentaires de Pie IITitre original de l'œuvre : Commentarii rerum memorabilium quae temporibus suis contigerunt.
Écrits en latin dans un style plein d'humour et de fraîcheur, composés de XIII livres, rédigés de 1462 à 1464.
Les Commentaires, mémoires de Pie II, constituent le chef-d'œuvre littéraire de ce brillant représentant de la Renaissance qu'était Enea Silvio Piccolomini. Véritable testament politique, religieux et humain, ils ont une grande valeur documentaire. Ils assortissent leurs observations de larges descriptions de la nature, qui préfigurent Goethe ou Rousseau, et de remarques et de réflexions personnelles très originales.
Les pages de bravoure ne manquent pas. Citons entre autres :
- l'élection même de Pie II,
- le congrès de Mantoue,
- le portrait du cardinal d'Arras,
- la dénonciation du tyran Sigismondo Malatesta,
- le récit sur la petite chienne Musetta,
- les descriptions de Tivoli (où il fait édifier de 1458 à 1461 la forteresse Rocca Pia qui prend son
nom), d'Ostie et de bien d'autres lieux,
- l'évocation de Jeanne d'Arc.
Pie II reste à ce jour le seul pape ayant laissé de son temps et de son règne une chronique détaillée. Cet homme curieux (l’une de ses fréquentes remarques était « L’avare n’est jamais satisfait de son argent, ni le sage de son savoir ») se faisait ainsi appeler « varia videndi cupidus », « désireux de voir une quantité de choses ».
Emblème Pontifical de Pie II