Le Sikkim est un État du nord de l'Inde, dans l'Himalaya.
Ancien royaume de culture tibétaine, rattaché à l'Inde en 1975, le Sikkim est l'État le moins peuplé du pays et le deuxième plus petit État de l'Inde, après Goa. Il est bordé à l'ouest par le Népal, au nord et à l'est par la Région autonome du Tibet en Chine, au sud-est par le Bhoutan et au sud l'État indien du Bengale-Occidental.
Les langues officielles de l'État sont l'anglais, le népalais, le sikkimais et lepcha, mais ses langues traditionnelles sont des dialectes du tibétain, le vbras-ljongs-skad (souvent orthographié drejonke), le lepcha et le limbou, trois langues tibéto-birmanes. Le Sikkim est le seul État de l'Inde dont la majorité de la population n'est pas autochtone, mais d'origine népalaise.
HistoireRoyaume du SikkimArticle détaillé : Royaume du Sikkim.Le plus ancien événement dont subsiste une trace dans l'histoire du Sikkim est le passage du maître indien Padmasambhava, figure bouddhiste vénérée, au viiie siècle. Selon la légende, il y bénit la terre, y introduit le bouddhisme et prédit la monarchie qui s'installera des siècles plus tard. Au xiiie siècle, toujours selon la légende, Gourou Tashi, un prince provenant de Minyak dans le Kham (au Tibet oriental) a une révélation divine la nuit, qui lui ordonne de voyager vers le Sud pour chercher fortune. Ses descendants forment par la suite la famille royale du Sikkim : en 1642, le 5e descendant de Gourou Tashi, Phuntsog Namgyal, est consacré 1er chogyal du Sikkim par trois lamas venus du Nord, de l'Ouest et du Sud, à Yuksom ; cet événement marque le début de la monarchie.
Le fils de Phuntsog Namgyal, Tensung Namgyal, lui succède en 1670. Ce dernier déplace la capitale de Yuksom à Rabdentse. En 1700, le Sikkim est envahi par le Bhoutan avec l'aide de la demi-sœur du chogyal, qui avait été écartée du trône. Les Bhoutanais sont ensuite chassés par les Tibétains, qui restituent le trône au chogyal en 1710. Entre 1717 et 1733, le royaume fait face à de nombreuses incursions des Népalais à l'ouest et des Bhoutanais à l'est ; elles culminent avec la destruction de Rabdentse par les troupes népalaises. En 1791, la Chine envoie des troupes soutenir le Sikkim et défendre le Tibet contre les Gurkhas. À la suite de la défaite du Népal, la dynastie Qing prend le contrôle du Sikkim.
Influence britanniqueDrapeau de l'ancien royaume du Sikkim, conçu en 1670 par Tensung Namgyal.
À la suite de l'arrivée du Raj britannique dans l'Inde voisine, le Sikkim s'allie avec la Grande-Bretagne contre leur ennemi commun, le Népal. Les Népalais attaquent le royaume, envahissant la région, y compris le Teraï. En conséquence, la Compagnie anglaise des Indes orientales attaque le Népal, conduisant à la guerre anglo-népalaise de 1814. Les traités signés entre le Sikkim et le Népal conduisent ce dernier à restituer en 1817 les territoires précédemment annexés. Par la suite, les relations entre le Sikkim et les Britanniques se tendent lorsque ces derniers commencent à taxer la région de Morang.
En 1849, deux médecins britanniques, Joseph Dalton Hooker et Archibald Campbell (en) (ce dernier chargé des relations entre les Britanniques et le gouvernement du Sikkim), s'aventurent dans les montagnes du Royaume, secrètement et sans autorisation. Ils sont détenus par le gouvernement du Sikkim, conduisant les Britanniques à organiser une expédition punitive à la suite de laquelle le district de Darjeeling et Morang sont annexés à l'Inde en 1853. Le chogyal devient un dirigeant opérant sous la direction du gouverneur britannique. En 1890, le Sikkim devient un protectorat britannique.
Le 7 septembre 1904, la convention entre la Grande-Bretagne et le Tibet, signée entre les Britanniques et le gouvernement tibétain, reconnaît les frontières entre le Sikkim et le Tibet mais n'entre pas en vigueur faute d'être ratifiée par le souverain impérial chinois.
Union avec l'IndeEn 1947, un référendum rejette l'intégration du Sikkim dans l'Union indienne nouvellement indépendante. Le Premier ministre indien, Jawaharlal Nehru, accorde un statut de protectorat au royaume. Un conseil d'État est établi en 1955 pour permettre la constitution d'un gouvernement constitutionnel sous la direction du chogyal. Pendant ce temps, le Congrès national du Sikkim exige de nouvelles élections et une meilleure représentation des Népalais. En 1973, à la suite d'émeutes devant le palais, le pays demande officiellement la protection de l'Inde. Le chogyal devient extrêmement impopulaire. En 1975, le Premier ministre fait appel au parlement indien pour modifier le statut du Sikkim et le faire admettre comme un État à part entière de l'Union. En avril, l'armée indienne prend le contrôle de Gangtok et désarme les gardes du palais. Un référendum (auquel 59 % des électeurs participent) approuve l'union avec l'Inde à 97,5 %. Le 16 mai 1975, le Sikkim devient officiellement le 22e État de l'Union indienne et la monarchie est abolie.
GéographieLe Sikkim et son environnement
TopographieLe Sikkim, État en forme de pouce enfoncé entre le Tibet, le Népal et le Bhoutan, est caractérisé par un relief globalement montagneux. Presque tout l'État est vallonné, avec une altitude allant de 280 à 8 598 mètres. Le sommet du Kangchenjunga (8 598 m), situé à cheval sur le Sikkim et le Népal, est le troisième plus haut sommet du monde et le point culminant de l'Inde.
Le Sikkim est entouré par les chaînes de l'Himalaya sur ses frontières nord, est et ouest. La zone la plus densément peuplée est située dans le sud de l'État. Il possède 28 sommets, 21 glaciers, 227 lacs d'altitude dont le Tsongmo, le Gurudongmar et le Khecheopalri. Huit cols le relient au Tibet, au Bhoutan et au Népal.
Les pentes rocheuses et à pic rendent la plupart des terres impropres à l'agriculture. Toutefois, certains coteaux ont été convertis en terres agricoles en utilisant des techniques de culture en terrasses. Environ un tiers du territoire est densément boisé.
HydrographieLe lac Gurudongmar dans le nord du Sikkim.
De nombreux ruisseaux alimentés par la fonte des neiges ont creusé des vallées fluviales, à l'ouest et au sud du Sikkim. Ces cours d'eau se combinent pour former le Tista et son affluent, le Rangit. Le Tista coule à travers l'État du nord au sud.
Les sources chaudes du Sikkim sont connues pour leurs propriétés médicinales et thérapeutiques. Les plus importantes sources d'eau chaude sont situées à Phurchachu (Reshi), Yumthang, Borang, Ralang, Taram-chu et Yumey Samdong. Elles ont une teneur élevée en soufre et sont situées près des berges des rivières. Certains émettent également de l'hydrogène. La température moyenne de l'eau de ces sources atteint 50 °C.
Géologie Les collines du Sikkim sont principalement constituées de gneiss et de roches à moitié schisteuses, recouvrant leur sol d'une terre argileuse brune généralement pauvre et peu profonde. La terre est grossière, avec de grandes concentrations d'oxyde de fer, allant de neutre à acide, pauvre en nutriments organiques et minéraux. Ce type de sol a tendance à supporter des forêts sempervirentes et caducifoliées.
Le Kangchenjunga, (8 598 m), plus haut sommet de l'Inde
et troisième sommet du monde.
Une grande partie du territoire du Sikkim est couverte par des roches précambriennes et est nettement plus jeune que les collines. Cette roche se compose de phyllites et de schistes et, par conséquent, les pentes sont très sensibles aux intempéries et sujettes à l'érosion. Ceci, combiné avec l'intensité de la pluie lors de la mousson, provoque une érosion des sols intense et de lourdes pertes d'éléments nutritifs du sol par lessivage. En conséquence, les glissements de terrain sont fréquents, isolant de nombreuses petites villes et villages des grands centres urbains.
FloreDe toutes les teintes, de toutes les tailles, les orchidées sont la parure du Sikkim. On en trouve jusqu'à 3 000 mètres d'altitude. Aux côtés de ces aristocrates du règne végétal, on peut voir quatre mille espèces différentes de fleurs, des rhododendrons, des magnolias, mais aussi des plantes étranges comme l'Arisaema griffithii qui ressemble à un cobra.
On y trouve également dans les forêts, entre 700 et 1 400 m, une Oleaceae, l'Olea gamblei qui est une espèce endémique du pays.
SubdivisionsCarte politique du Sikkim indiquant sa subdivision en
quatre districts et la localisation de leur chef-lieu.
Le Sikkim est subdivisé en quatre districts, chacun dirigé par un gouverneur nommé par le gouvernement central, le collecteur de district, qui est chargé de l'administration des zones civiles. L'armée indienne contrôle une proportion importante de l'État, le Sikkim étant une zone frontalière sensible. L'accès à de nombreuses régions est restreint et des permis sont nécessaires pour les visiter.
Les quatre districts sont le Sikkim de l'Est, le Sikkim de l'Ouest, le Sikkim du Nord et le Sikkim du Sud. Leurs chefs-lieux sont respectivement Gangtok, Geyzing, Mangan et Namchi.
Article connexe : Districts du Sikkim.ÉconomieEn 2004, le produit intérieur brut du Sikkim était estimé à 478 millions de dollars.
AgricultureCultures en terrasses.
La cardamome est la principale production agricole du Sikkim.
L'économie de l'État est essentiellement basée sur l'agriculture. Les Britanniques y ont introduit la culture du riz en terrasses. On y trouve également des cultures de maïs, millet, blé, orge, oranges, thé et cardamome. Le Sikkim est le premier producteur de cardamome en Inde.
Dès 1997, anticipant un mouvement devenu universel, le gouvernement de l’État lance une campagne de mesures visant à créer une économie verte. Les domaines prioritaires définis dans sa politique sont l’agriculture biologique, l’horticulture, la floriculture, l’écotourisme et les énergies renouvelables, surtout hydraulique et solaire. Inaugurée en 2006, la campagne « Planter un arbre » oblige chaque habitant à faire pousser un jeune plant tous les ans afin de lutter contre la déforestation.
En 2003, le gouvernement du Sikkim, dirigé par Pawan Chamling, a décidé de convertir l’intégralité du territoire à l’agriculture biologique. Le Sikkim s'est déclaré complètement bio en 2013, devenant le premier État 100 % bio. Cependant la production alimentaire bio n'est pas économiquement soutenable et même la classe moyenne n'a pas les moyens de se l'offrir. L'état doit donc importer la majorité de sa nourriture.
IndustrieEn raison du terrain accidenté et de l'absence d'infrastructures de transport fiables, l'État ne possède pas de grandes industries. Les principales industries sont des brasseries, des distilleries, des tanneries et des horlogeries. Elles sont situées dans le sud de l'État, principalement dans les villes de Melli (en) et Jorethang. En 2005, le taux de croissance de l'État atteignait 8,3 %, le deuxième plus fort taux du pays après Delhi.
TourismeAu cours des dernières années, le gouvernement du Sikkim a largement favorisé le tourisme. En conséquence, les recettes de l'État sont 14 fois plus grandes que ce qu'elles étaient au milieu des années 1990. L'État a récemment investi dans l'industrie naissante des paris en ligne. La loterie Playwin a été un succès commercial et opère dans l'ensemble du pays.
Le 6 juillet 2006, le col de Nathu La a été ouvert, reliant Lhassa, au Tibet, à l'Inde. Ce col, fermé depuis la guerre sino-indienne de 1962, était une branche secondaire de l'ancienne route de la soie.
Rizières en terrasses.
Voir l'article en entier