La destruction du Léviathan, gravure de Gustave Doré (1865).
Le Léviathan (de l'hébreu : לִוְיָתָן, liviyatan ou liwjatan) est, dans la Bible, un animal marin qui apparaît dans les Psaumes, le livre d'Isaïe, et le livre de Job. Le Talmud y fait aussi référence, évoquant des animaux révoltés contre le Créateur et que celui-ci détruit.
C'est un mythe très connu des sources pré-bibliques ayant trait au combat primordial entre le Créateur et les forces marines personnifiant le Chaos, qu'on retrouve chez les Hittites (le dragon Illouyankas), en Mésopotamie (bataille de Mardouk et Tiamat) et dans le mythe phénicien-ougarit de Baal et Anat, dressés contre divers monstres marins (dont l'un est Lotan).
DescriptionLe Léviathan est un monstre colossal, dragon, serpent et crocodile, dont la forme n'est pas précisée ; il peut être considéré comme l'évocation d'un cataclysme terrifiant capable de modifier la planète, et d'en bousculer l'ordre et la géographie, sinon d'anéantir le monde. Sa description évoque par périphrase le redoutable crocodile du Nil qui abondait alors au pays des pharaons. Le précédaient dans un panorama de la faune égyptienne l'hippopotame, le lion1, le corbeau, la chèvre et la biche, l'onagre, le buffle, l'autruche, le cheval, l'épervier et l'aigle.
Léviathan est également, selon certaines versions, l'un des principaux démons de l'enfer. Il est représenté au Moyen Âge sous la forme d'une gueule ouverte qui avale les âmes, symbolisant ainsi l'entrée des enfers.
Créatures similairesLe Léviathan est comparable dans la mythologie nordique à Jörmungandr, le serpent gigantesque qui entoure le monde (« serpent-monde »), fils du dieu malin Loki, qui participera à la fin du monde, le Ragnarök.
Il est souvent identifié à la Bête de l'Apocalypse.
Il est souvent représenté sous la forme d'un gigantesque serpent de mer, dont les ondulations sont à l'origine des vagues.
Le terme de Léviathan a été attribué à un taxon en 2010 pour un cachalot qui vivait au Miocène (Tortonien). Le seul fossile de Léviathan atteint 17,5 mètres. Ce nom est un hommage à la puissance de la mâchoire du cachalot, l'une des plus puissantes de l'histoire du règne animal.
C'est également le nom d'un ancien dieu Phénicien.
Références au LéviathanPhilosophie politiqueEn 1651, Thomas Hobbes fait de ce monstre le titre d'un célèbre ouvrage, Léviathan, dans lequel le monstre est une métaphore qui désigne l'État.
Le philosophe Alain, dans deux brefs essais datés de 1928 et 1932, lors de la montée des fascismes, nomme Léviathan plutôt l’État et ses mass-médias et les foules qui adhèrent aveuglément au monstre : « ceux qui le composent... reçoivent avec enthousiasme les signes de ce grand corps, et s'accordent à ses mouvements... L'assemblée des hommes fait reculer l’humanité. La guerre en est une preuve assez forte. »
ÉconomieEn sciences économiques, le Léviathan symbolise une tendance de l'État à grandir toujours plus. Ces théories remontent à l'ouvrage fondateur de James M. Buchanan et Geoffrey Brennan (en) (1980), The Power to Tax : Analytical Foundations of a Fiscal Constitution. Dans cette vision, la concurrence fiscale entre États est considérée comme un moyen d'enchaîner le Léviathan, c'est-à-dire de bloquer l'expansion de l'appareil étatique.
Israël a nommé Léviathan le plus important des champs gaziers découvert en Méditerranée à l'ouest de ses côtes, gisement qui doit relancer son économie. Ici le nom évoque le serpent marin à plusieurs têtes.
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