Lotario dei conti di Segni (né en 1160 à Gavignano et mort en 1216 à Pérouse), de la famille des comtes de Segni (it), est le 176e pape de l'Église catholique, élu le 8 janvier 1198 sous le nom d’Innocent III. Il est considéré comme l’un des plus grands papes du Moyen Âge.
Théologien et homme d’action, préoccupé de remplir au mieux sa fonction de pape, il fut un chef à la décision rapide et autoritaire. Il chercha à exalter au mieux la justice et la puissance du Saint-Siège de façon à renforcer son autorité suprême, gage selon lui de la cohésion de la chrétienté ; à cette fin, à partir de 1199, il développa la lutte contre les hérésies, qu’il confia en 1213 à l’Inquisition, tribunal ecclésiastique d’exception. Une de ses œuvres majeures fut de soutenir Dominique de Guzmán ainsi que saint François d’Assise et ses Frères mineurs et de valider leur première règle. Ce pape fut également celui du plus important concile du Moyen Âge, le IVe concile du Latran, qui statua entre autres sur les dogmes, les sacrements (dont le mariage), la réforme de l’Église, la conduite des prêtres et des fidèles, la croisade, le statut des Juifs.
C’est sous son pontificat qu’eut lieu la quatrième croisade, qui échappa à son contrôle en s’achevant par le sac de Constantinople par les croisés, événement qui creusa le fossé entre orthodoxes et catholiques.
Avant l’élection au pontificatGiovanni Lotario ou Lothaire est issu par son père, Trasimond, de la puissante famille des comtes de Segni, descendants de la Gens Anicia et des comtes de Tusculum lesquels avaient donné à l’Église beaucoup de papes, et par sa mère de la noblesse romaine. Il étudie la théologie d’abord à Rome puis à Paris, où il reçoit l’enseignement de Pierre de Corbeil en même temps qu’Étienne Langton et Robert de Courçon, qu’il élèvera plus tard à la dignité de cardinal. Il effectue ensuite un bref passage par Bologne, où il est l’élève du canoniste Hugues de Pise, qui lui inspirera un programme politique, la théocratie pontificale. En 1186, il retourne à Rome, où Grégoire VIII l’ordonne sous-diacre. Il entame alors une carrière à la curie. Clément III, son oncle, le nomme en 1190 cardinal-diacre à Saints-Serge-et-Bacchus, église diaconique de Rome.
Cet homme beau, distingué, énergique et hiératique devient rapidement le cardinal le plus en vue et le plus brillant de la curie. Infatigable travailleur, sa santé fragile lui vaudra de contracter plusieurs graves maladies.
Entre 1190 et 1198, il rédige le traité De la misère de la condition humaine (De Miseria Condicionis Humane), aussi appelé Le mépris du monde (De contemptu mundi) ; un traité sur le mariage (De quadripartita specie nuptiarum, Les quatre sens du mariage), et un autre sur la messe, Les mystères des messes (De sacro sancti altaris mysterio). Ce dernier comporte un long chapitre sur les couleurs, repris par tous les liturgistes du xiiie siècle et appliqué dans de nombreux diocèses.
Alors qu’il est le plus jeune des cardinaux (37 ans), il est élu pape à l’unanimité, en 1198, le jour même de la mort de Célestin III.
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Voir l'article en entierEmblème Pontifical de Innocent III