Saint Clément de Rome (en latin Clemens Romanus) est une personnalité du christianisme ancien issue du judaïsme hellénistique. Il est considéré, selon la tradition catholique, comme le premier des Pères apostoliques et le 4e évêque de Rome, à la fin du ier siècle, succédant à Anaclet.
Il est surtout connu pour une lettre qu'il adressa à la communauté chrétienne de Corinthe, raison pour laquelle la tradition le range parmi les pères apostoliques. Il est vénéré comme saint et martyr par nombre d'églises chrétiennes, et liturgiquement commémoré le 23 novembre.
HistoricitéClément Ier est le quatrième évêque de Rome, selon la liste d'Irénée de Lyon écrite en 180, responsable de la communauté chrétienne de Rome de 88 à 97 selon la chronologie d'Eusèbe de Césarée au ive siècle.
Irénée de Lyon dit qu'il avait vu les bienheureux apôtres et conversé avec eux, et Origène et Jérôme considèrent que Clément est le disciple de Paul de Tarse mentionné dans l'Épître aux Philippiens. Pour d'autres il s'agit plutôt là d'un affranchi de T. Flavius Clemens, qui fut consul en même temps que son cousin, l'empereur Domitien. Clément Ier a également été assimilé par certains auteurs des premières années du christianisme à ce consul Flavius Clemens, assassiné par Domitien mais cette identification n'est pas plus probante, même si l'exécution pour cause de mœurs juives, du consul a pu influencer les récits du martyre de Clément.
Le texte chrétien du iie siècle Le Pasteur d'Hermas évoque un Clément qui avait pour fonction de maintenir le contact entre les différentes communautés.
En Lorraine, la tradition en faisait le fils d'un dénommé Faustinus, le frère de l'évêque Clément de Metz (assimilé lui-même au consul Flavius Clemens).
Lettres aux CorinthiensPremière lettre aux CorinthiensLa tradition lui attribue depuis le iie siècle une lettre — connue sous le nom de Épître de Clément aux Corinthiens — adressée de Rome aux alentours de 95 à la communauté chrétienne de Corinthe en proie à des troubles internes graves, alors que de jeunes membres s'étaient insurgés contre les presbytres, au point de les déposer de leurs charges. L'auteur suggère alors le rétablissement dans leur fonction des pasteurs légitimes et appelle les révoltés à l'obéissance envers ces derniers. Ce texte peut témoigner de la structure hiérarchique de la communauté chrétienne dont le gouvernement semble encore de type collégial à ce moment.
Cette épître adressée au nom de « L'Église de Dieu qui séjourne à Rome à l'Église de Dieu qui séjourne à Corinthe » est perçue dans la tradition catholique comme un premier document post-apostolique en faveur de la préséance de l'évêque de Rome dans l'Église du Christ, et son rôle déjà accepté d'arbitrage, bien que la communauté chrétienne de Rome relève d'une direction collégiale au moins jusqu'au début du iiie siècle.
Cette lettre rédigée en grec et dans un style simple et clair, est un véritable exposé sur la foi telle qu'elle était vécue à la fin du ier siècle. Il s'agit d'un des plus anciens textes théologiques du christianisme, si l'on excepte les Évangiles et autres écrits apostoliques. L'auteur cite l'Écriture dans la version des Septante et on relève des citations ou des emprunts libres à Euripide et à Sophocle ainsi que des éléments de la pensée stoïcienne.
Oubliée à partir du ive siècle, cette lettre est retrouvée au xviie siècle dans le Codex Alexandrinus. En 1894, un moine bénédictin de Maredsous, Germain Morin trouve à Namur un manuscrit du xie siècle contenant la traduction en latin populaire de la lettre de Clément, la traduction elle-même remontant au iie ou iiie siècle, soit presque contemporaine de son écriture. La parenté du texte avec l'Epître aux Hébreux est indéniable et la question se pose de savoir si les deux textes émanent de la même source.
Deuxième lettre aux Corinthiens Il existe une deuxième épître de Clément au Corinthiens qui date d'environ 150 et s'apparente davantage à une homélie qu'à une épître, et qu'on ne peut attribuer à Clément. Adolph von Harnack a cru pouvoir l'identifier avec une lettre de l'évêque Soter, adressée vers 170, à l'église de Corinthe. Des traits communs avec Le Pasteur d'Hermas laissent penser également à une origine romaine.
On a attribué d'autres ouvrages à Clément : le Roman pseudo-clémentin connu en deux recensions, l'une grecque (les Homélies clémentines) et l'autre latine (le Roman des Reconnaissances), et deux lettres sur la Virginité, citées par Jérôme mais inconnues d'Eusèbe de Césarée et qui paraissent dater au ive siècle.
Données de la tradition oraleClément est très vénéré dans les pays de l'Est à cause d'une tradition qui le fait mourir en exil au bord du Pont-Euxin dans l'actuel Inkerman qui se trouve aujourd'hui en Crimée (Ukraine). À cause de la même tradition de la présence de ses reliques à une extrémité de la route des Varègues aux Grecs, la première église construite en bois en Scandinaviel lui aurait été dédiée.
Martyre et vénération Selon une tradition, Clément est mort en martyr, mais les Acta de son supplice, rédigés au ive siècle ont un caractère légendaire.
Saint Clément est le patron des mariniers pour avoir été martyrisé sous l'empereur Trajan vers 99, précipité au fond de la mer une ancre de marine accrochée au cou. Ses reliques auraient été ramenées de Crimée à Rome par saints Cyrille et Méthode au ixe siècle. Elles sont vénérées dans la basilique Saint-Clément, près du Colisée, édifice dont il est dit qu'il a été érigé à l'emplacement de la maison du saint à Rome.
Son nom est cité avec ceux de ses prédécesseurs Lin et Clet dans la première prière eucharistique de la liturgie de l'Église latine (appelé autrefois 'canon romain').
Il est liturgiquement commémoré le 23 novembre par les catholiques latins et les anglicans. Les églises syriaque orthodoxe, syro-malankare orthodoxe, grecque orthodoxe, catholique syriaque et catholiques orientales le célèbrent le 24 novembre, l'Église orthodoxe russe, le 25 novembre et l'Église copte orthodoxe le 8 décembre.
IconographieClément est représenté avec l'ancre de son martyre au cou.