Thierry Ier, né entre 485 et 490 et mort en 534, est le fils aîné du roi des Francs Clovis. Lors du partage du royaume des Francs qui suit la mort de son père, en 511, il hérite du Nord-Est et de l'Auvergne, avec Reims pour capitale.
Il est également appelé Théodoric ; Theudoricus en latin, Theuderich ou Theutric en vieux-francique, de theut « peuple » et ric « chef, puissant », soit « chef du peuple » ou « puissant dans le peuple ».
Le royaume de Thierry
À la mort de Clovis, et selon la coutume germanique de la tanistrie, le fils aîné, c'est-à-dire Thierry, devrait recevoir le titre de rex Francorum pour l'ensemble des territoires de son père. Mais étant issu d’un mariage de second rang, il ne peut prétendre régner à la place des fils de Clotilde. Cependant, les enfants issus des différents mariages sont tous égaux en matière de succession : « on appelle fils de roi ceux qui ont été procréés par des rois sans tenir compte désormais de la famille des femmes ».
Dans le partage de 511, bien que les sources insistent sur la caractère égalitaire des lots, en raison du droit de la mère (Mutterrecht), Thierry obtint « la part du lion », comme dit Eugen Ewig (de l’Institut historique allemand et de l’Académie des inscriptions et belles-lettres). Son Teilreich comprend l'ancienne Belgique première (avec Trèves), une partie de la Belgique seconde (avec Reims et Châlons), les deux Germanies (avec Cologne et Mayence) et, par-delà, une large ouverture sur les territoires alamans sur lesquels les Francs, depuis les campagnes de Clovis et la chute du royaume de Cologne, exercèrent une sorte de protectorat. Au nord, l’ancienne cité de Tongres parut constituer une sorte de zone-tampon où l’influence des Francs rencontra celle des Thuringiens et probablement celle des Warnes. S’y ajoutent l’Auvergne et une frange orientale de l’Aquitaine, conquises par Thierry pour son père lors de la guerre contre les Wisigoths en 507/508, avec les cités de Clermont, Le Puy, Cahors, Albi, Rodez, sans doute Limoges, peut-être Javols.
À la mort de Clodomir (524), que Thierry accompagne dans une guerre contre le roi burgonde Godomar III, le partage secondaire entre les frères survivants lui laissent en plus les cités d'Auxerre et de Troyes et la moitié de celle de Sens.
Division de la Gaule en 511. Le royaume de Thierry est en bleu.
Le royaume de Thierry se compose ainsi de deux ensembles de cités, très contrastés, seulement séparés par un corridor formé des cités de Bourges et de Nevers : d’une part, un ensemble qu'on peut appeler « rhéno-mosellan » auquel on donnera avant la fin du siècle le nom d’Austrasie et qui, pour l’instant, se prolonge jusque dans le sud du bassin parisien ; d’autre part, un groupe « aquitain » qui couvre largement le Massif central et atteint pratiquement le Rhône.
Cette géographie politique peut donner un sentiment d’extravagance en ce qu’elle associe des terres encore sauvages (ou du moins beaucoup moins romanisées que le reste de la Gaule), chrétiennes certes, mais où l'on découvre par exemple des indices de sacrifices humains, et des cités de vieille et forte tradition gallo-romaine. Elle est pourtant d’une extrême importance, car elle permettra en trois ou quatre générations l’unification culturelle des territoires francs.