La foret pluvial du parc
Le parc national de Masoala est un parc national créé en 1997, au nord-est de Madagascar, dans la province de Diego-Suarez sur la presqu’île granitique de Masoala. Masoala est la plus grande des aires protégées de l'île avec ses 235 000 ha de forêt tropicale humide. Le parc a été créé pour gérer, protéger et restaurer le patrimoine naturel malgache qui est sur l'île, soumis à de fortes pressions (15 espèces de lémuriens ainsi que des douzaines d'autres espèces ont disparu depuis l'arrivée de l'Homme).
Masoala a conservé des paysages remarquables, relique de la forêt ombrophile dense où comme le rappelait le botaniste Martin Calmander filmé sur place par Yann-Arthus Bertrand, « cette forêt est si dense que 90 % de la lumière n'atteint jamais le sol ! ». Ceci en fait un des endroits les plus propices à l'écotourisme et à un tourisme durable ainsi qu'à l'étude des forêts anciennes tropicales et des milieux marins. On peut y observer la richesse de la faune, fonge et flore (en partie endémique) de la Grande Île, voire de la presqu'île.
Superficie et habitatsLe parc fait 2 355,8 km2 protège. Il protège 2300 km² de forêt pluviale qui s'étage du littoral (au sud-ouest du parc) à 1 311 m d'altitude pour ses sommets, 100 km² d'aires marines protégées (trois « parc marins » protègent les récifs coraliens) et la réserve de Nosy Mangabe (520 ha).
La grande diversité du parc est liée à sa grande superficie et à la variété des habitats qu'il abrite. Il est composé d'une forêt pluviale, d'une forêt littorale, d'une forêt alluviale et inondée ainsi que des marécages et des mangroves
ClimatLa péninsule est rarement photographiée par les satellites, car elle est très souvent sous les nuages. Avec 3 000 à 4 000 mm de pluie par an c'est la région la plus humide de Madagascar. Les pluies sont plus fortes de septembre à novembre. L'évapotranspiration forestière maintient une hygrométrie élevée toute l'année.
PopulationL'ethnie dominante des régions urbaines sont les Betsimisarakas. Les habitants de la région de Maroantsetra se dénomment eux-mêmes « Antimaroa ». Les cérémonies et fêtes (Tsaboraha) sont traditionnellement accompagnées d'abattages de zébus.
Environ 80 000 personnes habitent la zone périphérique (zone-tampon) du parc national. Elles cultivent le riz sur brûlis. Antalaha et Maroantsetra sont les deux plus grandes villes avec près de 20 000 habitants chacune. Ce sont des bases d'exportation de vanille et de bois tropicaux.
BiodiversitéDans le sud-ouest du parc, la forêt est encore en contact direct avec la mer et ses embruns. Ce type d'écotone est devenu très rare en raison des routes littorales qui ont été créées presque partout dans le monde. Il offre un bon exemple d'intégrité écopaysagère.
Chute d'eau et sous-bois. La biodiversité de ces forêts est parmi les plus élevées du monde, de même que le taux d'endémisme.
L'uroplate (Uroplatus fimbriatus), un des reptiles endémiques de Madagascar.
Dix espèces de lémuriens, endémiques de Madagascar, y vivent. Parmi elles se trouve le Vari roux (Varecia variegata rubra) au pelage roux flamboyant et qui est endémique de la presqu’île.
La réserve de Nosy Mangabe permet d'apercevoir un animal nocturne : le Aye-aye. Si ce lémurien à queue d'écureuil et oreilles de chauve-souris figure parmi les espèces en voie d'extinction, c'est parce que les Malgaches le prennent pour un être maléfique et le tuent.
Masoala abrite un bon nombre d’espèces particulières comme le gecko Phelsuma, l'uroplate, de nombreuses espèces de caméléons de toute taille, des oiseaux spectaculaires comme l'Eurycère de Prévost ou des espèces rares telles que l'effraie de Soumagne et la grenouille-tomate. Masoala abrite également le Chrysiridia rhipheus, un papillon spectaculaire. Le Serpentaire de Madagascar y a été récemment redécouvert et n'existe en grand nombre que dans cette partie du nord-est de Madagascar.
La biodiversité marine et sous-marine est également importante ; 300 espèces de poissons fréquentent les récifs où 164 espèces de coraux ont été recensées, ainsi que 27 espèces de concombres de mer, des raies et requins récifaux dans le parc national de Masoala, et plus précisément dans les trois parcs marins (celui de Tampolo dans l'Ouest, de Ambodilaitry dans le Sud et Ifaho dans l'Est).
Au cours de leur migration, des centaines de baleines à bosse visitent la baie d'Antongil chaque année, de juillet au début du mois de septembre. Les eaux chaudes protégées de la baie sont un lieu idéal pour ces mammifères marins pour se reproduire et mettre au monde leurs baleineaux. La baleine franche australe est également présente, ainsi que deux espèces de dauphins (Grand dauphin, Dauphin à ventre rose) qui côtoient quatre espèces de tortues marines et le rare dugong.
CultureLes cultures traditionnelles sont encore actives, notamment dans le sud de la presqu'île. Les tabous ou fady concernant la forêt et les ancêtres sont encore respectés.
AccessibilitéOn peut rejoindre le parc à partir des villes de Maroantsetra ou Antalaha. Un voyage par bateau à moteur est possible à partir de Maroantsetra. De la ville d’Antalaha, un voyage sur route vers le Cap-Est par taxi-brousse journalier ou par vélo tout-terrain aboutit au village de Masoala. Plusieurs Safari lodges de la presqu’île mènent sur le parc où six aires de camping sont maintenues. Des matériels de campement sont disponibles pour location à Maroantsetra. Les pistes principales pour les visiteurs se trouvent à Nosy Mangabe, à Tampolo/Ambodiforaha, et au Cap Est, et une promenade de plusieurs jours est possible à travers la presqu’île. Nosy Mangabe, Cap Est, Ambatolaidama et chacun des trois parcs marins possèdent des aires de camping. Plusieurs villages sont munis de bungalows ou de simples chambres d’hôte.
Toute visite au parc doit être accompagnée d’un guide officiel agréé du parc. Les scientifiques qui mènent des recherches dans le parc doivent demander une autorisation et obtenir un permis de recherche accordé par une Commission du parc chargée de la flore et de la faune, traduite en un contrat. Ils doivent aussi payer un droit d'entrée.
ClassementEn janvier 2006, en faisant partie d'un groupe de parcs représentant la biodiversité des forêts pluviales de l'est du pays, Masoala fut proposé comme patrimoine mondial de l'UNESCO par le gouvernement malagasy. Les autres parcs nationaux inclus dans la nomination sont ceux de Marojejy, Zahamena, Mantadia, Ranomafana, Andringitra, Befotaka-Midongy et Andohahela. En 2007, ces parcs ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial sous le nom de forêts humides de l'Atsinanana.
GestionLe parc national de Masoala est géré par l’association nationale des parcs de Madagascar (ANGAP) avec l’association de Wildlife Conservation Society (WCS) et divers partenariats avec des scientifiques ou des institutions telles que le zoo de Zurich qui a reconstitué pour le public européen, sous serre, un environnement proche de celui de la forêt de Masoala.
Les parcs marins sont patrouillés par des gardes en kayak, avec le soutien du WWF, ce qui a permis de faire respecter le règlement de la pêche.
Malgré des aides au développement (incluant aide au commerce équitable et éthique de la vanille de Madagascar, production d'huiles essentielles, développement de l'écotourisme ou de tourisme scientifique), du point de vue de la population locale, le parc est source de problèmes, notamment parce qu'il implique la perte des terres de subsistance pour l'agriculture (Keller 2008, 2009) ou à cause des pressions de trafiquants8. Les études faites dans le cadre du projet CITES “Étude du commerce important” ont montré - au vu du niveau des exportations de certaines espèces malgaches - que « trop souvent les exportations ont été autorisées sans connaissance des impacts éventuels sur la conservation ».
Le parc est partiellement financé par la Fondation pour les aires protégées et la biodiversité de Madagascar (FAPBM).
Grenouille tomate
Activités illégales dans le parcLa pression sur la forêt est importante à Madagascar, comme dans beaucoup de pays tropicaux. Les pressions sur la forêt de Masoala et sur ceux qui la protègent n'ont jamais tout à fait cessé, mais elles ont connu une nette recrudescence en 2009, en particulier de la part de trafiquants de bois précieux — « Bois de rose » (Dalbergia maritima) et bois d'ébène — illégalement coupés et exportés en dépit des progrès de la règlementation malgache sur la protection de la forêt.
Le braconnage dans le parc pose également problème et les forces de l'ordre ainsi que les gardes des eaux et forêts ne sont actuellement pas assez équipés pour lutter contre les « voleurs d'arbres » travaillant pour le compte des réseaux mafieux de trafiquants de bois (Rosewood barons). Selon diverses sources jugées fiables par le zoo de Zurich et le « Cercle de Concertation des Partenaires Techniques et Financiers du Secteur Environnement », mi-2009, environ 4 000 personnes étaient en train d'illégalement piller les bois précieux de cette forêt, campant, chassant et vendant également de la viande de brousse (de lémuriens notamment) avec plusieurs centaines d'arbres de bois de rose ou d'essences précieuses coupées par jour.
Les chefs des « voleurs de bois » sont armés et n'hésitent pas à intimider ou menacer la population et les gardes du parc. Des organismes tels que Global Witness et l'Environment Investigative Agency enquêtent pour mieux identifier les réseaux de trafic. Dans le même temps, des représentants d'ambassades de plusieurs pays, ainsi que la Banque mondiale et la Banque de développement « KfW » collaboraient pour aider le « gouvernement intérimaire » malgache de l'époque à venir à bout de cette crise qui semble être la plus grave que le parc ait traversé.
Source