La Réunion est une île française de 2 512 km2 située dans l'Ouest de l'océan Indien, à l'est de l'Afrique : plus précisément dans l'archipel des Mascareignes, à près de 700 kilomètres à l'est de Madagascar et à un peu plus de 200 kilomètres au sud-ouest de l'île Maurice, terre la plus proche. Son climat est tropical.
Ancienne colonie française, sa devise (issue de cette période de son histoire) est Florebo quocumque ferar, qui est traduisible par "je fleurirai partout où je serai plantée/portée".
Cette île est un département français d'outre-mer (DOM) depuis 1946 et également une région administrative française (à département unique) depuis 2003, dont le chef-lieu est Saint-Denis. Ses habitants, au nombre de 911 682 (en 2022), sont les Réunionnais. Sa densité de population est de 325 hab./km2.
GéographieL'île de La Réunion.
L'île de la Réunion n'est que la partie émergée d'un immense volcan sous-marin, qui a environ 7 000 mètres de développement en hauteur et 220 kilomètres de diamètre. Ce volcan, un des plus grands du monde, est toujours actif.
Le volcan réunionnais apparaît il y a cinq millions d'années, à un endroit où le magma a percé la croûte terrestre qui forme le fond de l'océan Indien. Vu la dimension du volcan, la masse de magma est considérable. L'île émerge à son tour deux à trois millions d'années plus tard.
L'île de la Réunion est formée de deux massifs volcaniques : le massif du piton des Neiges, à l'ouest, et le massif du piton de la Fournaise à l'est. Le piton des Neiges est le point culminant de l'île (3 070 m) : c'est un ancien volcan, éteint depuis environ 12 000 ans. Dans ses flancs sont creusés trois cirques, nommés Salazie, Cilaos et Mafate, ce dernier n'étant accessible qu'à pied ou par hélicoptère. Avec ce sommet, l'île a l'altitude la plus élevée de tout l'océan Indien. Le piton de la Fournaise est un des volcans les plus actifs du monde : il entre en éruption en moyenne chaque année.
La plaine des Cafres (dans le fond le piton des Neiges).
Photographie prise en octobre.
ClimatLa Réunion est située à proximité du tropique du Capricorne. Elle fait donc partie de la zone tropicale. Les saisons sont basées sur la différence des pluies.
L'île possède un climat tropical humide. Les vents dominants (alizés) étant d'est en ouest, la partie orientale de l'île est au vent, et l'autre sous le vent. De plus, la présence de montagnes imposantes provoque une différence nette entre la côte est, qui reçoit le vent et la pluie, et la côte ouest qui en est protégée. Ainsi, à Sainte-Rose (à l'est), le total des pluies est de 4 mètres par an en moyenne, tandis que Saint-Gilles-les-Bains (sur la côte ouest) reçoit entre 0,5 et 1 mètre par an. Certains endroits de la côte est sont parmi les plus pluvieux du monde ! On distingue de novembre à avril, un été qui est la saison chaude et humide ; le reste de l'année, le climat devient plus frais et plus sec c'est l'hiver austral.
Par ailleurs, l'île se trouve dans une zone où sévissent les cyclones, entre les mois de janvier et mars (qui est à La Réunion, la saison d'été). Les vents dépassent parfois 200 km/h et les pluies très intenses battent des records. Par exemple, en janvier 1980, lors du passage du cyclone Hyacinthe, il est tombé plus de 6 mètres de pluie à certains endroits en deux semaines, soit plus de dix fois les précipitations annuelles à Paris. En 1962, à Sainte-Rose (sur la côte est), on a comptabilisé près de 15 mètres de pluies annuelles. Les rivières sont alors le théâtre de crues gigantesques : la rivière du Mât, au nord-est, peut augmenter son débit de près de 350 fois (jusqu'à 2600 M3 par seconde, soit environ 1,5 fois le débit moyen du Rhône à Beaucaire).
L'altitude joue aussi un rôle. Il peut faire très froid au sommet du piton des Neiges (jusqu'à moins dix degrés) et il peut y avoir des chutes de neige. Dans la journée, sur les hauteurs, l'amplitude thermique peut dépasser les 20 °C. Le climat est donc très différent en fonction de l'altitude qui varie fortement en quelques kilomètres dans l'île : cela donne naissance à des paysages végétaux très différents.
Le bord de merLa plage et le récif de Saint-Gilles à l'île de la Réunion
L'île a environ 200 km de côtes maritimes, dont de belles plages et des lagons fermés par des récifs coralliens, situés à l'ouest de l'île.
Article à lire : Lagons de La Réunion.BiodiversitéFauneUn tec-tec mâle.
La Réunion compte de nombreuses espèces endémiques, comme le papangue, l'oiseau la Vierge et le tec-tec.
VégétationL'opposition entre la façade est, plus arrosée, et celle de l'ouest qui l'est moins, et la variation rapide de l'altitude font que les paysages végétaux de la Réunion sont très différents. L'altitude est responsable d'une répartition en couronnes végétales.
Sur les côtes, la végétation, soumise aux vents et aux embruns, est assez rabougrie. En s'élevant, on passe dans une forêt chaude et sèche formée d'ébéniers, de lataniers et de benjoins. Puis on monte à une forêt chaude, mais humide, avec des orchidées et des fougères. Au-dessus, vers 800 mètres d'altitude, on entre dans la forêt très humide, où le brouillard est très fréquent. Le sol est gorgé d'eau : là se développe une forêt avec des arbres aux troncs tordus, avec des fougères arborescentes, des mousses, des lichens. Ces formations forestières ont été très attaquées par l'homme pour la culture de la canne à sucre. Cependant, à cause des difficultés d'accès liées aux fortes pentes, la végétation naturelle représente encore environ 30 % de la surface de l'île.
La forêt sur les pentes de la côte est.
À partir de 1900 à 2 000 mètres, le ciel se dégage, les bruyères et la lande occupent les pentes.
HistoireL'île apparaît pour la première fois sur une carte portugaise en 1505, en même temps que l'archipel des Mascareignes dont elle fait partie. C'était jusque là une île déserte : l'île étant assez isolée, aucune population ne l'avait atteinte, ou en tout cas personne ne s'y était installé pour l'habiter. Elle sert alors de point de ravitaillement en eau, fruits et chair fraîche (tortue et dodo) pour les équipages des navires faisant le commerce entre l'Europe et l'Inde.
Les Français y débarquent en 1638 (ainsi que dans l'île de Rodrigues) ; quelque temps auparavant, les Néerlandais s'étaient installés à Maurice. On y débarque une douzaine de colons mutins provenant de Madagascar en 1646 et en 1654. En 1649, l'île reçoit le nom d'île Bourbon, en référence au nom de la famille royale française, la dynastie capétienne de Bourbon. Cependant, on ne se préoccupe pas de peupler l'île d'une manière durable... d'autant que manquent des femmes volontaires pour aller vivre dans ce lieu très éloigné de la France.
En 1663, un colon volontaire s'était installé sur la côte ouest, à Saint-Paul, avec un ami et dix Malgaches, dont trois femmes. Mais très rapidement, les Malgaches fuient et se réfugient dans les montagnes. En 1665, la Compagnie des Indes orientales, qui vient d'être créée en France par Colbert, implante officiellement une colonie d'une vingtaine d'hommes dans l'île Bourbon. Le peuplement féminin d'origine européenne étant insuffisant, les femmes seront recrutées en Inde et à Madagascar. L'esclavage est introduit à partir de l'Inde, de l'Afrique de l'Ouest, du Mozambique et de Madagascar.
Au milieu du xviiie siècle, le naturaliste Pierre Poivre subtilise aux Hollandais de Maurice des plants pour les épices et les introduit dans l'île Bourbon. L'île va alors devenir un fournisseur d'épices pour la France.
En 1793, après la chute de la royauté en France, l'île Bourbon change de nom et devient l'île de la Réunion pour honorer les groupements de gardes nationaux, piliers de la Révolution. L'île est protégée des entreprises militaires des Britanniques par l'action des corsaires français, en particulier Robert Surcouf. Cependant, en 1810, les Britanniques s'emparent de l'île où ils abolissent la traite des esclaves. Ils ne la rétrocèdent à la France qu'en 1815, après la chute de Napoléon Ier.
La culture de la canne à sucre se développe grâce au travail des esclaves. En 1848, la Deuxième République abolit l'esclavage. Pour renforcer la main-d'œuvre, on importe des travailleurs libres originaires de Madagascar, d'Afrique australe et du Gujarat indien, puis des Chinois. Ces vagues d'immigration, s'ajoutant au peuplement plus ancien, créent une population multi-ethnique.
PopulationsL'une des premières espèces vivant sur l'île fut le dodo. Très longtemps, cette espèce a vécu sans prédateur. L'arrivée des premiers colons sur l'île et une chasse intensive vont malheureusement conduire à l'extinction de l'espèce.
L'île Bourbon est d'abord peuplée par des colons français, venus de métropole ou de Madagascar, qui amènent avec eux leurs familles et leurs serviteurs. Pendant un temps, l'île n'est qu'un port d'étape pour les bateaux qui voyagent entre l'Asie et l'Europe, mais bientôt, elle sera exploitée pour ses ressources agricoles : d'abord pour les plantations de café, puis de canne à sucre : l'agriculture locale a besoin de plus en plus d'esclaves achetés en Afrique. Les colons s'installent sur les côtes de l'île (les bas), les plantations sur les flancs (les hauts) du massif du piton des Neiges. Les esclaves en fuite vont peu à peu former des villages (nommés îlets) dans les cirques, difficiles d'accès.
Vue partielle de Saint-Denis de la Réunion.
Après l'abolition de l'esclavage (20 décembre 1848), les planteurs de canne recrutent des travailleurs venus d'Inde, puis de Chine. Tous ces gens ont fait souche dans l'île, et la Réunion est un endroit où la population est très métissée. Le créole réunionnais est couramment parlé, même si la langue officielle est le français.
Aujourd'hui les Réunionnais se partagent entre :
- Les blancs créoles descendants des colons d'origine européenne. Ils forment environ 25 % de la population. Les métropolitains arrivés récemment, surnommés les Zoreils sont environ 5 % de la population ;
- Les descendants des esclaves africains, appelés Cafres. Ils sont plus ou moins métissés avec les blancs. Ils représentent 35 % de la population ;
- Les descendants des Indiens engagés au xixe siècle après l'abolition de l'esclavage. On les appelle les Malbars. Ils forment environ 25 % de la population. S'y joignent des indo-musulmans du Gujerat (environ 3 %) surnommés les Zarabs.
L'esclavage à La RéunionLes premiers habitants de La Réunion sont des Européens. Rapidement, ces colons importent, grâce à la traite des noirs, des esclaves provenant d'Afrique. En 1665, on a la trace d'une vente d'esclaves. En 1679, il y a 750 habitants, dont près de la moitié sont des esclaves.
Ces esclaves travaillent dans les plantations de café qui connaissent un grand essor au xviiie siècle. En 1735, les esclaves sont 7 500 pour une population de colons de 1 700 personnes. En 1794, lorsque la Convention nationale abolit l'esclavage, il y a 35 000 esclaves et 1 000 personnes libres. Mais Napoléon Bonaparte rétablit l'esclavage.
En 1809, les Britanniques s'emparent de l'île. En 1811, ils répriment sévèrement une révolte d'esclaves dans la région de Saint-Leu. En 1830, la traite des esclaves est interdite par le gouvernement du roi Louis-Philippe Ier. Mais il faut attendre 1848, et la proclamation de la Deuxième République, pour que l'esclavage soit aboli à La Réunion (et dans les autres colonies françaises).
Les esclaves s’enfuyait dans les hauts de l’ile comme Cilaos Mafate et Salazi.
AgricultureChamps de canne à sucre. Dans le lointain, des éoliennes.
Encore aujourd'hui, les hauts sont utilisés pour la culture de la canne à sucre. Mais dans les cirques, il existe des cultures locales bien développées : chouchou (christophine ou chayote, dans le cirque de Salazie), lentilles, vigne (cirque de Cilaos) par exemple. De nombreux champs de canne sont répartit sur l'île, la canne à sucre forme l'essentiel des exportations de l'île.
TourismeSituée dans les tropiques, cette île attire de nombreux touristes car l'île possède de grandes plages et des lagons de corail sur une partie de son pourtour, qui intéressent les touristes. Il existe un important réseau de chemins de randonnées favorisé par l'histoire de l'île et sa géographie. Certains sont sur les côtes et d'autres, dirigés vers les pitons et l'intérieur des cirques, permettent d'y pratiquer la randonnée en montagne. L'activité volcanique attire également, car elle offre un spectacle inoffensif, les éruptions du Piton de la Fournaise étant de type effusif.
Plage de Saint-Pierre de la Réunion. Photographie prise le 31 décembre.
CultureMusiqueLa musique occupe une place majeure dans la vie de la population réunionnaise. les deux styles emblématiques de l’île sont le maloya et le séga. Le maloya est une musique qui se caractérise par le blues ternaire et il a été créé clandestinement par les esclaves africains et malgaches pour transcender leurs souffrances et leurs douleurs. Le séga se danse, lui, en dandinant les hanches et en tournoyant sur soi et l'homme autour de la femme. Le séga est une musique plus entraînante et joyeuse que le maloya.
Groupe de séga sur une place de Saint-Pierre, à La Réunion
Le maloya est classé au Patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO depuis 2009.
D'autres genres musicaux ont également eu leur place sur l'Île de la Réunion comme le jazz, le rap, le rock, le gospel, le soul et surtout le reggae.
CuisinePour en savoir plus, lis l’article : Cuisine réunionnaise.La cuisine réunionnaise est savoureuse et variée.
La spécialité est le carry : il s'agit d'un plat composé de viande ou de poisson agrémenté d'épices, d'oignons, d'ail et le plus souvent de tomates. Il est servi accompagné de riz et de grains comme les lentilles, les pois ou les haricots. On peut le manger avec du rougail qui est un condiment composé de piment, oignons et de légumes divers (rougail tomate, rougail concombre...).
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