Schéma d'un métier à tisser mécanique
Un métier à tisser est une machine utilisée par un tisserand pour fabriquer du tissu. Il peut être industriel comme dans l'industrie textile (production de textile), ou manuel.
Malgré les progrès mécaniques, le fonctionnement de base est resté le même depuis des siècles : le métier à tisser fixe les fils de chaîne selon la tension désirée, tout en permettant le passage des fils de trame, perpendiculairement, entre les fils de chaîne.
Une lisse, lice ou aiguille est un composant de métier à tisser. Chaque fil de chaîne passe au travers de l'œillet central d'une lisse. En soulevant ou en abaissant certaines lisses, le tisserand ouvre un passage entre deux nappes de fils de chaîne. Cette ouverture, dénommée « pas » ou « foule », permet le passage de la navette, qui insère un fil de trame entre les deux nappes. Une lisse est typiquement faite en fil métallique ou en ficelle et est dotée d'un œillet en son centre. Les lisses sont montées dans des cadres (ou « lames »), suspendus au harnais du métier à tisser. Chaque cadre peut être élevé où abaissé par le tisserand au moyen d'une pédale.
HistoirePré-industrialisationLes premiers tissus connus datent de la fin du Néolithique, ils ont été retrouvés en Turquie et en Palestine.
Le métier à tisser le plus rudimentaire consiste en un cadre de bois : une série de fils (la chaîne) est tendue entre deux bâtons de bois fichés dans le sol. Avec une perche, un fil de chaîne sur deux est tiré afin de créer un espace vide (la foule) où un autre fil (la trame) passe perpendiculairement aux fils de chaîne puis les nappes de la chaîne sont inversées pour créer une autre foule où repasse le fil de trame.
Vers 7000 av. J.-C.au début du néolithique, les métiers avaient les fils de chaîne tendus par des poids sur une barre transversale, l'ensouple.
Les premiers métiers à tisser avérés sont représentés sur des poteries égyptiennes de la période pré-dynastique, vers 4400 av. J.-C.. Il s'agit d'un métier à chaîne horizontale.
Vers 1900 av. J.-C., les premiers métiers verticaux apparaissent sur les poteries de la douzième dynastie de l'Egypte antique. La chaîne est tendue entre deux barres horizontales. Ce type de métier est encore utilisé pour la tapisserie par exemple.
Vers 1000 av. J.-C., les métiers horizontaux avaient un cadre rigide et un bâton était attaché à certains fils de chaîne afin d'ouvrir la foule en le soulevant.
Ensuite le métier à tisser n'évolua plus jusqu'au Moyen Âge, où des pédales furent utilisées pour soulever tour à tour un certain nombre de lisses différentes, afin d'obtenir des motifs plus complexes. L'adjonction des pédales est une invention chinoise.
Révolution industrielleLe début de la mécanisation du métier à tisser au xviiie siècle a changé la manière de tisser en Grande-Bretagne, puis à travers le monde. Il était avant un objet personnel, devenant alors industriel et permettant la production puis vente de grandes quantités de textiles.
Une série d’inventions britanniques en était à l’origine, permettant ainsi la mécanisation des processus habituellement manuels dans le tissage: la « navette volante » en 1733 par John Kay, augmentant la vitesse de tissage et diminuant le nombre de personnes à la collecte, le « Spinning Jenny » en 1764 par James Hargreaves augmentant la capacité de filage d’un fil à huit ou plus sur une même machine pour répondre à la demande croissante, ou encore « Water frame » en 1769 par Sir Richard Arkwright et la « Spinning mule » en 1779 par Samuel Crompton, permettant l’utilisation d'énergie hydraulique pour tisser.
Ces inventions ont mené à une production textile plus rapide, importante et moins coûteuse à travers le développement de l’industrie textile britannique.
L’arrivée de la machine à vapeur en 1769 (James Watt) a aussi changé le fonctionnement de ces usines textiles. Jusque-là, elles utilisaient l’énergie hydraulique, tirée principalement de rivières, pour alimenter leurs métiers à tisser ; elles devaient donc être localisées près de points d’eau, parfois isolées et loin de la main d’œuvre. La machine à vapeur, dispensant l’utilisation d’eau comme énergie, a donné la possibilité à ces usines d’être construites plus près de cette main d’œuvre et des marchés textiles.
La première apparition d’une machine à vapeur dans une usine de coton a été en 1785, l’année même où a été inventé le premier métier à tisser mécanique par Edmund Cartwright. Il a permis le tissage de tissus larges à travers un processus de fabrication de masse. Étant presque entièrement mécanisé, le tissage était encore plus rapide et économique, il permet alors à un ouvrier avec peu d’expérience et de compétences de produire la même quantité de tissus qu’un artisan professionnel.
Métier à tisser mécanique des usines Masson Mills
La machine à vapeur a été alors intégrée avec ce métier à tisser mécanique dans la première usine textile mécanique de Cartwright en 1789, à Doncaster. Le métier à tisser mécanique est devenu plus rapide mais aussi plus précis qu’un métier standard, remplaçant ainsi un travail manuel par un travail mécanique.
Au début du XIXe siècle, le métier de Cartwright a été amélioré par une série d’inventeurs ou propriétaires d’usines britanniques, comme William Horrocks en 1802, augmentant encore sa productivité. Le développement de l’industrie textile britannique était alors encore plus important: le nombre de métiers à tisser en Grande-Bretagne augmentant de 2 000 en 1818, à plus de 250 000 en 1850.
Réglementations du travail industrielAvec ce développement de l’industrie textile, les nombreuses usines à travers la Grande-Bretagne ont eu besoin de main d’œuvre bon marché, se tournant ainsi vers les enfants. Étant petits, il était plus facile pour eux de manipuler certains mécanismes de ces métiers à tisser ; ils étaient sous-payés et pouvaient travailler jusqu’à 15 heures par jour. Ces mauvaises conditions de travail ont mené aux « Factory Acts » au début du xixe siècle, régulant alors le temps de travail par jour et autres conditions de travail au sein des usines textiles. Ces textes de lois britanniques font alors ressortir de véritables questions d’indépendance pour ces familles ouvrières.
De même qu’aux États-Unis, les usines Lowell ont compté comme employés un nombre important de femmes, appelées alors les « Lowell Mill Girls » qui elles-mêmes contestent leurs conditions de travail, mais sans succès en 1836.
Voir l'article en entier