Miniature contemporaine de l'école de Fulda datant de 826
représentant Louis le Pieux.
Louis Ier dit « le Pieux » ou « le Débonnaire », né en 778 à Cassinogilum (localisation incertaine, soit Casseuil près de Bordeaux, Chasseneuil-du-Poitou dans la Vienne ou encore Casseneuil en Lot-et-Garonne) et mort le 20 juin 840 à Ingelheim, près de Mayence, est roi d'Aquitaine jusqu'en 814, puis empereur d'Occident de 814 à sa mort. Il est le fils de Charlemagne et de Hildegarde de Vintzgau.
Son règne est marqué par de nombreuses menaces sur l'unité de l'Empire carolingien : non seulement il dut faire face aux raids des Vikings, mais ses fils se révoltèrent contre lui en plusieurs occasions. Les ambitions des grandes familles aristocratiques s'affirment alors de plus en plus, menaçant le pouvoir impérial.
Après sa mort, l'Empire carolingien est partagé entre les royaumes de ses fils Charles, Lothaire (qui reçoit le titre impérial), et Louis le Germanique par le traité de Verdun.
Nom et surnoms de Louis IerÉtymologie de LouisLouis est un prénom d'origine germanique, parfois latinisé en Hludovicus ou Ludovicus. C'est un prénom traditionnellement rencontré dans la généalogie royale franque, et qui commence avec Clovis, forme savante francisée du latin Clodovicus, lui-même adaptation du francique Chlodowich / Chlodewig équivalent au vieux haut allemand Hluodwic et qui a donné Louis par ailleurs, forme populaire.
Louis « le Pieux »Le qualificatif « le Pieux » est attesté de son vivant (en latin : pius), en particulier par la biographie écrite par le chorévêque de Trèves, Thégan (avant 800-vers 850), l'un de ses trois biographes : Vita Hludovici Pii, et dans le texte écrit par son conseiller Agobard de Lyon, très critique envers Judith, sa seconde épouse, fervent soutien de son fils Lothaire, principal artisan de la déposition de Louis en 833 : Libro duo pro filiis et contra Iudith uxorem Ludovici Pii.
Ce surnom est lié à sa politique religieuse, nettement plus favorable à l’Église que celle de Charlemagne. Durant son règne, Louis réforme les monastères et change de politique à l'égard de la papauté en s'engageant à respecter le patrimoine de saint Pierre, et à ne pas intervenir dans les élections pontificales. Le pape retrouve ainsi, après une période de contrôle exercé par Charlemagne, une certaine indépendance politique.
Il est possible aussi que son surnom de « Pieux » lui ait été valu par sa propension à fondre en larmes lorsqu'il entrait dans des lieux saints, comme ce fut le cas lorsqu'il se recueillit sur la tombe de son père Charlemagne à Aix-la-Chapelle.
À la cour, il s'entoure de clercs qui le conseillent, comme Agobard (769 ?-840), Frédegis († 834) et Benoît d'Aniane (750-821). En 822, il accomplit une pénitence publique à Attigny. En somme, la politique religieuse de Louis le Pieux a pour objectif de renforcer l'unité de l'Empire, un empire carolingien fondamentalement chrétien.
Louis « le Débonnaire »Quant à son surnom de « Débonnaire », il n'apparaît qu'une seule fois, durant le haut Moyen Âge, dans la biographie de l'Astronome, la Vita Hludovici. Il emploie le superlatif latin mitissimus (« très doux »), que l'on traduit par « débonnaire », qu'une seule fois dans son récit (chap. 21). Mais ce terme fut repris en 1275 par un clerc à Saint-Denis nommé Primat, dans les Grandes Chroniques de France, puis par d'autres chroniqueurs et historiens, qui lui donnèrent donc une importance injustifiée.
BiographieOrigines et débutsIl est le sixième enfant et le quatrième fils de Charlemagne ; le cinquième enfant et le troisième fils de sa seconde épouse Hildegarde de Vintzgau, de la famille bavaroise des Agilolfing.
Charlemagne et son fils Louis le Pieux.
Au moment de sa naissance, durant l'été 778, alors que Hildegarde met au monde deux jumeaux, Louis et Lothaire (qui meurt peu après), Charlemagne est parti en expédition en Espagne. La naissance se déroule dans une des résidences royales, la villa Cassinogilum, qui correspond plus certainement à l'actuelle commune de Chasseneuil-du-Poitou (département de la Vienne), qu'à celle de Casseuil (département de la Gironde) sur la Garonne, selon les historiens, encore qu'un ouvrage de 1660 désigne Casseneuil en Lot-et-Garonne, où le frère jumeau du roi Louis, Clotaire (ou Lothaire), serait mort et aurait été enterré à l'âge de deux ans.
Le 15 avril 781, au cours de la célébration de la fête de Pâques à Rome, Charlemagne le fait couronner roi des Aquitains par le pape Adrien Ier. Il n'a donc pas encore trois ans. Cette cérémonie voit aussi le couronnement du troisième fils, qui n'a pas quatre ans, Pépin, roi d'Italie. Peu après, malgré son jeune âge, Louis est envoyé en Aquitaine, sous la garde d'un tuteur, Arnold, et d'autres officiers.
Roi d'Aquitaine (781-814)Durant son règne en Aquitaine, le gouvernement est d'abord assuré par Charlemagne, qui nomme des comtes francs. À partir des années 790 (il a douze ans), Louis joue aussi un rôle dans le gouvernement de son royaume.
Parmi les personnalités du royaume d'Aquitaine, les principaux sont Benoît d'Aniane, conseiller de Louis, d'origine wisigothique, et Guillaume, comte de Toulouse à partir de 788 en remplacement de Chorso, battu par le Vascon Adalric (en). On peut aussi citer Bégon, gendre de Louis à partir de 806, et Hélisachar, son chancelier en 814.
Durant cette période, Louis vit le plus souvent dans ses palais royaux aquitains, à Doué-La-Fontaine, près de Saumur, Angeac entre Angoulême et Saintes, Cassinogilum (très probablement Chasseneuil-du-Poitou, à côté de Poitiers), et Ébreuil, ou encore Jocundiacum (aujourd'hui Le Palais-sur-Vienne, près de Limoges).
Il est, à plusieurs reprises, appelé par Charlemagne à venir passer quelque temps à la cour :
en 785 (il a huit ans) à Paderborn (en pays saxon, à plus de 1 000 km) ;
en 791 (il a quatorze ans) à Ratisbonne, où Charlemagne l'arme d'une épée ;
en 797 (il a vingt ans) à Herstelle (Saxe), avec Pépin et Charles ;
en 795, il épouse Ermengarde de Hesbaye ; de ce mariage naîtront : Lothaire en 795, Pépin en 797 et Louis en 806, ainsi que deux filles, Hildegarde et Rothrude (cf. paragraphe « Généalogie ») ;
en 800, il a une entrevue avec Charlemagne à Tours, alors que celui-ci parcourt la Gaule avant de se rendre à Rome ; Charlemagne semble avoir pensé à le faire venir à Rome en décembre 800, puis y avoir renoncé ;
en septembre 813, alors que ses frères aînés sont décédés récemment, il est à Aix-la-Chapelle pour être proclamé empereur par l'assemblée des grands, puis être couronné, le 11, par Charlemagne ; c'est la dernière rencontre du père et du fils, qui repart en Aquitaine.
Les expéditions militaires de LouisÀ partir des années 790, il prend part à plusieurs expéditions militaires : en 792, il est envoyé avec Pépin dans une campagne contre le duché de Bénévent17. Mais il s'agit surtout de campagnes en Espagne musulmane, où le pouvoir est détenu depuis 756 par l'émir omeyyade de Cordoue, en rébellion contre le califat abbasside de Bagdad. Les opérations des Francs au sud des Pyrénées bénéficient de l'action des rois asturiens dans l'ouest de la péninsule, et de l'autonomie des gouverneurs musulmans, dont certains pactisent avec Charlemagne.
En 797, Louis mène le siège de Huesca.
En 800-801, il est à la tête de l'armée franque qui assiège, puis prend Barcelone.
En 809, il fait partie de l'expédition contre Tortosa, qui échoue.
De nouveau en 811, avec succès cette fois. La marche d'Espagne atteint donc le bas cours de l'Èbre, tandis que Saragosse (objectif de l'expédition de 778) reste sous le contrôle des musulmans.
Édit de Louis Le Pieux reproduit dans la Vie de Saint-Guénolé (818).
En 818, il est en campagne victorieuse contre le roi breton Morvan dans l'extrême ouest de la Bretagne continentale (le lieu exact n'est pas connu). Louis Le Pieux, rencontra en 818, dans la forêt de Priziac, au bord de l’Ellé, l’abbé Matmonoc, de l’abbaye de Landévennec. Il insiste pour que le monastère de Landévennec abandonne son mode de vie « irlandaise » et adopte à la place la règle bénédictine. L’Édit de Louis Le Pieux, reproduit dans la Vie de Saint-Guénolé (manuscrit datant du xe ou xie siècle), ordonne que les moines bretons de Landévennec vivent selon la règle de saint Benoît, ce qui modifie le mode de vie ainsi que la tonsure des moines établis dans les monastères de ces régions.
La fin du règne de CharlemagneEn 806, Charlemagne organise un partage de ses territoires en trois royaumes attribués à ses trois fils légitimes : Charles, Pépin et Louis. En plus de l'Aquitaine, Louis aura les régions de l'ancienne Gaule au sud du plateau de Langres (royaume de Bourgogne, Provence). Le titre impérial n'est attribué à personne. Mais ce projet est finalement inutile, puisque Pépin et Charles meurent en 810 et 811.
« Au mois de septembre de cette même année (813), l'empereur Charles réunit une grande assemblée du peuple au palais d'Aix. Venant de tout son royaume et empire s'assemblèrent évêques, abbés, comtes, prêtres, diacres et assemblée des Francs auprès de l'empereur à Aix ; et là ils élaborèrent quarante-six chapitres sur ce qui était nécessaire à l'Église de Dieu et au peuple chrétien. Ensuite se tint une assemblée avec les dits évêques, abbés, comtes et nobles du royaume franc, et ils firent de son fils Louis un roi et un empereur. Ce à quoi tous consentirent pareillement, déclarant que cela était justifié ; et cela plut au peuple, et avec le consentement et l'acclamation de tout le peuple, il fit son fils Louis empereur avec lui, et il perpétua l'empire par la couronne d'or, le peuple acclamant et criant : Vive l'empereur Louis ! Et ce fut une grande joie dans le peuple ce jour-là. »
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