Mont Manaraga (Oural prépolaire) vu depuis le versant oriental du massif.
Paysage de l’Oural polaire (Berezvoski, Khanti Mansis).
L’Oural ou les monts Oural, en russe Ура́льские го́ры, en kazakh Орал тауы, est une chaîne de montagnes hercynienne située en Russie. Elle s’étire sur plus de 2 000 km, de la mer de Kara au nord jusqu'aux steppes du Kazakhstan au sud. L’Oural marque traditionnellement la limite géographique entre l’Europe et l’Asie, depuis que le tsar Pierre le Grand, au début du xviiie siècle, a souhaité rapprocher son empire des royaumes européens. Les reliefs souvent fortement érodés culminent à une altitude de 1 894 mètres. Le massif se décompose du nord au sud en plusieurs sous-ensemble aux caractéristiques (vigueur du relief, flore, climat) contrastées qui parfois relèvent de la haute montagne malgré l’ancienneté du massif. Doté d'une grande richesse en minerais en particulier de fer, elle est devenue au xviiie siècle le foyer d'une puissante industrie métallurgique : de nombreux centres urbains ont été créés au pied du massif par les Russes venus de l’ouest. L’industrie s’est fortement développée dans la partie sud-est au cours du xxe siècle mais aujourd’hui avec l’épuisement des gisements de fer les plus riches, la région est à la recherche de relais de croissance.
Maison de paysan dans le village de Martianova (vers 1910).
Géologie
FormationL'Oural est une chaîne de montagnes très ancienne dont l'orogénèse (la création) s'est produite il y a 250 à 300 millions d'années (fin du Carbonifère et au Permien). Les différents continents qui existaient à cette époque se sont rapprochés pour former une masse émergée unique appelée Pangée.
Au cours de ce processus, il y a environ 260 millions d’années, les paléocontinents de Sibérie et Kazakhstania sont entrés en collision avec le supercontinent Laurussia (qui comprenait ce qui correspond aujourd’hui à l’Europe du Nord et l’Amérique du Nord) sur son bord oriental, fermant l'océan Ouralien et élevant la chaîne de l’Oural.
Un immense gisement de sel gemme (50 % des réserves mondiales) situé près de Perm s’est constitué à cette époque par évaporation de l’eau des lagunes qui subsistaient (l'Oural était situé sous les tropiques et soumis à un climat continental et sec).
Au cours du tertiaire, le massif est soumis à des mouvements verticaux qui ont fragmenté les épaisses couches sédimentaires en créant des failles selon un axe nord-sud parsemées de massifs intrusifs. L’érosion fluviale au sud et glaciaire au nord modèle un relief de type appalachien avec des formations karstiques au sud.
Cette genèse a fait apparaître du nord au sud le long de la bordure orientale de l’Oural une dizaine de milliers de gisements métallifères (fer, cuivre, platine, or, aluminium, argent, nickel, manganèse…) particulièrement riches dont l’exploitation a été le moteur de la colonisation russe du massif et du vigoureux développement de la région au xxe siècle. Les roches métamorphiques renferment également de nombreux gisements de pierres semi-précieuses de tout type (cristal de roche, serpentine, malachite, jaspe, onyx, etc.).
Milieux naturelsLes montagnes de l’Oural sont situées entre, à l’ouest, la plaine d'Europe orientale et, à l’est, la plaine de Sibérie occidentale. La chaine de montagnes commence au nord sur les rives de la mer de Kara (mer bordière de l'océan Arctique) suit d'abord une direction sud-ouest sur 500 km, puis prend une direction plein sud ; elle atteint sa plus grande largeur au niveau de Iekaterinbourg et s’achève 1 600 km plus au sud sur la rive du fleuve Oural entre Orenbourg et Orsk le long de la frontière avec le Kazakhstan. Sa largeur n’excède jamais 250 km.
Le climat est continental avec des différences importantes selon la latitude et le versant. Les conditions climatiques ont fortement conditionné l’occupation et la nature des activités humaines. Dans le nord du massif, la température moyenne en juillet est de 6 à 8 °C alors qu’elle est de 22 °C dans la partie la plus méridionale. Les masses d’air humides proviennent pour l’essentiel de l’océan Atlantique : le versant occidental du massif reçoit en moyenne de 100 à 150 mm de précipitations de plus que le versant oriental. L’Oural pré-polaire et polaire est sous l’influence des vents soufflant depuis l’océan Arctique.
De nombreux fleuves russes ont leur source sur les versants orientaux et occidentaux de l’Oural : des affluents de l’Ob (Sosva, Isset, Toura, Sosva du Nord, …), des affluents de la Volga (Kama, Belaïa, Oufa), l’Oural, la Petchora
L’Oural est traditionnellement subdivisé en cinq parties.
L’Oural méridionalLe fleuve Oural le délimite au nord et à l’est. Les crêtes sont organisées en trois chaînes parallèles de direction nord-sud dont la plus à l’est, peu élevée, culmine à 850 mètres, tandis que les deux autres (dont l'Ouraltaou culminant à 1 068 mètres) comprennent quelques sommets qui culminent au mont Iamantaou (1 640 m). Toute la région est couverte de pâturages et de forêts à feuilles caduques. La région comporte de nombreux lacs dont celui de Tourgoïak près de Miass. On y trouve plusieurs gisements miniers de cuivre, zinc et fer. L’Oural méridional occupe une superficie de 488 234 km2 répartis entre le Tatarstan (7 %), l’oblast d’Orenbourg (17 %), la république de Bachkirie (24 %), l’oblast de Tcheliabinsk (14 %) et l’oblast de Kourgan (2 %). La réserve naturelle de l'Oural du Sud couvre un territoire de 252 800 hectares.
L’Oural centralL'Oural central est compris entre les latitudes 56° N et 59° N.
C'est un plateau bas, très boisé et riche en matières premières (pétrole, fer, bauxite, cuivre, amiante, chrome, platine et or), ce qui en fait une région industrielle importante, depuis le xviiie siècle. On y produit actuellement environ 1/3 de l’acier russe. L’absence de relief vigoureux en a fait le point de passage des principales voies de communication est-ouest de la Russie : Transsibérien, routes. La végétation est constituée de forêts de résineux et les sols sont généralement riches. L’Oural central occupe une superficie de 230 532 km2 répartis entre l’oblast de Perm (17 %), la république de Bachkirie (12 %), l’oblast de Tcheliabinsk (8 %), l’oblast de Sverdlovsk (40 %), l’oblast de Kourgan (19 %) et l’oblast de Tioumen (4 %).
L’Oural septentrionalL'Oural septentrional est compris entre les latitudes 59° et 64°.
Dans cette partie le massif montagneux est étroit mais caractérisé par des sommets élevés culminant à Kanzhakovskii Kamen (en) (1 569 m). L’Oural septentrional occupe une superficie de 337 910 km2 répartis entre la république des Komis (2 %), le district autonome des Khanty-Mansi (43 %), l’oblast de Sverdlovsk (30 %), l’oblast de Perm (17 %) et l’oblast de Tioumen (8 %).
L’Oural pré-polaireLe massif est très étroit et particulièrement accidenté est compris entre les latitudes 64° et 65° 30'.
C’est là que se trouve le plus haut sommet de l’Oural : le mont Narodnaïa (1 894 m). La végétation est constituée d’une toundra dépourvue d’arbres. La région est pratiquement inhabitée. L’Oural pré-polaire occupe une superficie de 336 050 km2 répartis entre les la république des Komis (28 %), le district autonome de Iamalo-Nénetsie (55 %) et celui des Khanty-Mansi (18 %).
L’Oural polaireAu-delà de 64° de latitude commence l'Oural polaire.
Le massif étroit est constitué de montagnes basses morcelées avec un diverticule à l'ouest : les monts Paï-Khoï (en). La végétation est constituée d’une toundra dépourvue d’arbres. La région est pratiquement inhabitée. L’Oural polaire occupe une superficie de 72 544 km2 répartie entre la république des Komis (24 %), le district autonome de Iamalo-Nénetsie (4 %) et celui des Nenets (72 %)8. Il est prolongé au nord par les îles de la Nouvelle-Zemble.