La roche de Solutré (à droite) et la roche de Vergisson (à gauche).
PréhistoireLe gisement préhistorique de Solutré est l'un des plus riches d'Europe, en ossements et en vestiges lithiques. À la suite de sa découverte, la Roche a donné son nom à un faciès culturel du Paléolithique supérieur, le Solutréen.
ChronologieLes fouilles au pied de la roche commencent en 1866, au lieu-dit du « Cros du Charnier », sur l'affleurement d'ossements de chevaux, dont personne n'imagine alors qu'il s'agit de vestiges préhistoriques (cette science étant alors naissante).
Très vite, Henry Testot-Ferry découvre la zone des foyers de l'âge du renne, ainsi que des tombes en dalles brutes. On retrouve dans ces foyers de nombreux outils en silex : pointes de lance, feuilles de laurier et grattoirs, mais aussi un véritable amas d'ossements : du renne surtout, mais également du cheval, de l'éléphant, du loup et du lion des cavernes.
Adrien Arcelin.
Henry Testot-Ferry et Adrien Arcelin décident alors de sonder afin de déterminer l'ampleur du gisement qu'ils ont mis au jour et d'examiner avec un soin extrême l'ensemble des vestiges retrouvés. L'enjeu est de comprendre l'agencement des couches stratigraphiques du site, base de l'établissement de la chronologie.
En 1868, l'existence d'une station de chasse au pied de la roche est l'hypothèse privilégiée. Les deux inventeurs font appel à d'autres spécialistes et présentent leurs travaux dans des congrès. Solutré se révèle comme l'un des plus grands sites préhistoriques français.
En 1872, Gabriel de Mortillet, l'un des plus importants préhistoriens de son temps, décide de nommer les périodes de la Préhistoire d'après le nom de sites préhistoriques où elles sont particulièrement bien représentées. C'est ainsi qu'apparaît le terme de Solutréen.
De nombreuses fouilles furent menées par la suite, le champ de fouilles restant aujourd'hui encore partiellement inexploré et protégé.
La roche de Solutré est, avec la pierre dite « Guenachère » de Saint-Émiland, le « Vieux Tilleul » de Sagy, le cèdre de La Chaux à Cuisery et la roche dénommée « La Pierre-Qui-Croule » visible à Uchon, le site ayant été le plus anciennement classé du département de Saône-et-Loire (par arrêté de classement en date du 15 mars 1909).
Un site de chasseLa situation et la configuration des lieux, en hauteur par rapport à la plaine et aux crues, ont été déterminantes dans son occupation humaine. Fournissant abri et nourriture aux troupeaux migrateurs, le pied de la roche, alors encombré d'éboulis, donnait aussi aux chasseurs la possibilité de réaliser des pièges (voir « la légende »).
Le magma osseux s'explique par l'extrêmement longue période de fréquentation du site : pendant plus de 50 000 ans, quatre grandes civilisations du Paléolithique s'y sont succédé.
L'occupation de ce site est donc essentiellement axée sur l'activité de chasse, de dépeçage et de boucanage. Le matériel trouvé sur le site est donc en lien avec cette activité humaine, avec de nombreux outils, dont les silex taillés en feuille de laurier caractéristiques du Solutréen.
L'hommeHenry Testot-Ferry et Adrien Arcelin mettent également au jour des restes humains au Cros du Charnier. Finalement, sur l'ensemble de la période de fouilles – soit de 1866 à 1925 –, près de 70 squelettes sont retrouvés.
Si, lors des premières fouilles, ces individus étaient considérés comme préhistoriques (aurignaciens, néolithiques), il semble toutefois désormais quasiment certain que ces squelettes sont bien historiques. Il s'agirait en fait, selon les différentes datations réalisées, de Burgondes (haut Moyen Âge) ou de Mérovingiens.
Paradoxalement, malgré la durée d'occupation du site, de toutes les périodes du Paléolithique supérieur, seul le Solutréen n'a livré aucun reste humain. Finalement, un an après les premières fouilles effectuées sur le site de Solutré en 1866, les hommes de Cro-Magnon, contemporains de ceux qui taillèrent les outils et chassèrent à Solutré, étaient découverts aux Eyzies par Louis Lartet.
AntiquitéOn retrouve des traces de deux villas gallo-romaines importantes dans les environs de la roche : l'une, Solustriacus, a donné son nom au village de Solutré. L'autre serait située entre la roche et le village voisin de Vergisson. Un large tertre aplani reliant le pied de la Roche au village de Vergisson est par ailleurs supposé être une ancienne voie romaine (il est nommé comme tel dans l'usage local).
Période médiévaleLa Préhistoire a souvent pris le pas sur l'histoire médiévale de la roche. Pourtant, une étonnante place forte, réputée être le fief de bandits, occupait le sommet de Solutré.
On attribue la construction de ce château, qui disposait d'un lourd donjon crénelé, à Raoul de Bourgogne (930). Le chapitre de Saint-Vincent de Mâcon en devint ultérieurement possesseur, par suite de la donation de l'évêque de Mâcon Ador (970), qui le tenait de sa famille.
En 1231, le château fut enlevé au profit de Jean de Braine, comte de Mâcon, par l'un de ses chevaliers dénommé Guy Chevrier, qui fut aussitôt excommunié par l'évêque de Mâcon, Aymon. Le château avait été acheté antérieurement par l'évêque de Mâcon au chevalier Ponce de Mont-Saint-Jean, moyennant 300 marcs d'argent et un cheval de 25 livres. Château dont l'évêque fit don aux chanoines de Mâcon, qui en prirent possession à titre d'engagistes du domaine du roi.
À la suite d'une trêve signée à Mâcon le 4 décembre 1434 consacrant la présence bourguignonne en Mâconnais, ce château, dernière place forte non réduite par le duc de Bourgogne dans la région, lui fut rendu. L'année suivante, Philippe le Bon, duc de Bourgogne, par un acte établi à Dijon le 22 décembre 1434, ordonna la destruction totale de la forteresse. La liesse populaire fut telle à cette annonce que l'on retrouva par la suite des corps des participants à sa destruction, tués par l'effondrement anarchique des parois.
Des recherches récentes tendent à montrer que ce château était une demeure noble et riche, mais peu d'éléments sont connus à son sujet aujourd'hui.
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