La musique islamique est la musique religieuse musulmane, chantée ou jouée en public ou en privé.
Cette musique suscite le débat dans le sunnisme (majoritaire) quant à sa licéité tandis qu'elle est sans opposition acceptée par confréries soufies. Ainsi, les derviches et divers soufis estiment que des paroles religieuses ou mystiques rendent la musique licite. Pourtant, il existe aussi des formes de musiques sunnites, dans lesquelles la parole prime et qui perdent ainsi leur dimension musicale.
GéographieLa musique islamique est issue d'une vaste région géographique qui s'étend de l'Asie centrale à l'Atlantique, et ces régions constituent les branches d'une même famille musicale ayant pris naissance dans les foyers culturels du Proche-Orient et du Moyen-Orient. D'importantes communautés musulmanes vivent aussi en Afrique sub-saharienne et dans les Philippines méridionales mais ces zones ont moins d'influence sur la musique islamique.
Toutes ces régions étaient reliées par le commerce bien avant les conquêtes islamiques du xie siècle et il est probable que les styles musicaux aient, tout comme les marchandises, traversé les frontières. Comme l'islam est une religion multiculturelle, l'expression musicale de ses fidèles est différente et variée. Les modèles musicaux indigènes de ces pays ont formé peu à peu une musique dévotionnelle appréciée par les musulmans contemporains.
Musique et sunnismeL'islam sunnite entretient une relation assez complexe avec la musique. Si la musique comme fait religieux est attestée dans la religion musulmane, certains auteurs soulèvent la difficulté de conceptualiser une « musique sacrée. » Dès ses origines et la vie de Mahomet, certaines contradictions semblent exister et plusieurs courants de pensée — qui vont de l'autorisation de la musique à son interdiction — s'opposent. Cet argumentaire s'est construit au fur et à mesure du développement de l'islam et la question fait toujours débat.
Mais on peut aussi inverser le point de vue, et dire avec Dominique et Janine Sourdel que si la musique est en principe interdite dans l'islam, la société musulmane ne se soumit jamais complètement à un tel interdit, et qu'on assiste au contraire au développement de plusieurs écoles de musique.
Statut de la musique dans l'islamPour certains musulmans, la musique est interdite par Allah. Ceux qui défendent cette vision s’appuient aussi bien sur le texte du Coran que sur les hadîths. Pourtant, le terme musique ne figure pas dans le Coran, et cette interprétation s'appuie donc sur ce qui est perçu comme une allusion.
Pour le Coran, c'est essentiellement le verset 6 de la sourate 31 qui est interprété comme un interdit de la musique : « Tel homme ignorant se procure des discours futiles (lahw) pour égarer les autres hors du chemin de Dieu et prendre celui-ci en dérision. Voilà ceux qui subiront un châtiment ignominieux (Traduction Denise Masson.) » C'est ainsi que selon Abdullah Ibn Abbas, le mot lahw se réfère à « la chanson » et selon IAbu Bakr Ibn Mujâhid, au « tambour »6. Quant à Al-Hassan al-Basrî, il affirme que « ce verset a été révélé à propos de la musique et des flûtes ».
Mais d'autres exégètes voient dans ce passage une critique non pas de la musique, mais des religions polythéistes. En outre, certains hadiths semblent aller dans le sens d'une prohibition ; selon un hadith rapporté par l'imam Al Boukhari, Mahomet a dit : « Il y aura parmi ma communauté des gens qui considéreront comme licites la soie, l’alcool et les instruments de musique. »
Écoles juridiques sunnitesÉcole hanafiteAbou Tayeb Al Tabari a dit : « Abû Hanîfa détestait la musique et comptait le fait d'écouter de la musique parmi les péchés ».
École malikiteD'après Ishaq Ibn 'Issa, j'ai questionné l'imam Mâlik ibn Anas concernant ce que permettait les gens de Médine concernant la musique, il a répondu : « Pour nous ce sont les pervers qui font cela ».
École shafi'iteIbn Jawzi a dit : « L'imam Ash-Shâfi'î a mentionné dans son livre Adab Al Qada que lorsqu'un homme persiste à écouter de la musique, alors son témoignage n'est plus accepté et il n'est alors plus une personne de droiture ».
École hanbaliteAbdallah (828 - 903), le fils de l'imam Ahmad Ibn Hanbal, a dit : « j'ai interrogé mon père concernant la musique, il a dit : "La musique fait pousser l'hypocrisie dans le cœur, cela ne me plaît pas" ».
Une idée courante chez les salafistes et dans les courants fondamentalistes
Comme on l'a vu ci-dessus, la musique est une forme artistique en principe interdite dans la société musulmane, même si cet interdit n'a jamais été totalement respecté. Toutefois, des courants fondamentalistes comme le salafisme ou le wahhabisme insistent sur cette interdiction, car selon eux la musique peut manipuler l'esprit et empêcher la méditation du Coran.
Ainsi, selon le penseur médiéval Ibn Taymiyya, une des références de ces courants, « la fabrication d’instruments de musique est interdite. » En outre, pour Ibn Taymiyya, « les instruments de musique tels que les instruments à six cordes doivent être détruits selon la majorité des docteurs en droit islamique. C’est la position de Mâlik ibn Anas et la plus célèbre des deux opinions attribuées à Ahmad ». Selon al-Albani, « les quatre écoles juridiques sont d’accord sur le caractère illicite de tous les instruments de musique ».
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