Plat rond à décor dit Faixa Barroca, Portugal, xviiie siècle.
Les premières poteries stannifères semblent avoir été produites en Irak vers le ixe siècle, les plus anciens fragments ayant été mis au jour au cours de la Première Guerre mondiale, dans le palais de Samarra, au nord de Bagdad. La faïence s'est propagée ensuite à l'Égypte, la Perse et l'Espagne avant d'atteindre l'Italie à la Renaissance, les Pays-Bas espagnols puis les Provinces-Unies néerlandaises au xvie siècle et l'Angleterre, la France ainsi que d'autres pays européens peu après.
Le long périple lié à sa diffusion a donné à la faïence des dénominations particulières à chaque pays.
La faïence italienne de la Renaissance fut stimulée par la présence des rois d'Aragon à Naples au xve siècle mais surtout par l'importation de céramiques hispano-mauresques venant de Valence en Espagne en transitant par l'île de Majorque. Elle en tira le nom générique de majolique.
Les potiers italiens mirent à profit l'émail blanc de la faïence pour peindre de véritables tableaux en miniature qui bénéficièrent de l'extraordinaire vitalité artistique de la Renaissance italienne. On vit apparaître dans les décors, dès le début du xvie siècle, les figures humaines (décors dits « historiés ») inspirés par les gravures reproduisant les peintures célèbres. Ils supplantèrent peu à peu les motifs stylisés de la majolique archaïque de la fin du Moyen Âge bien que l'on observât la poursuite de décors ornementaux, en particulier les grotesques à l'époque maniériste. Ces scènes allégoriques rencontrèrent rapidement le goût du moment et les décors gagnèrent en finesse et en richesse jusqu'à recouvrir totalement le support blanc de la pâte à faïence. Ainsi les sols des chapelles des familles napolitaines se couvrent de carreaux polychrome de production locale, ornés de motifs végétaux, d'animaux et de portraits.
Le premier centre et le plus inventif fut situé à Faenza. L'exportation de ses modèles fera apparaître en France le terme « faïence ».
Dans la seconde moitié du xve siècle, la faïence italienne se développe en Toscane, en Ombrie et en Émilie en bénéficiant des ressources géologiques des Apennins. la majolique sert alors d'apparat pour les élites urbaines, comme en témoigne la Camera Bella au palais Petrucci de Sienne.
Au xvie siècle, Guido Andries se forme à Venise avant de s'établir à Anvers en 1508. Il produit des vases de pharmacie au décor bleu et blanc ainsi que des pavements pour des couvents.
Lyon devient un centre majeur de production de faïence au cours du xvie siècle, attirant des potiers florentins puis ligures. certains d'entre eux migrent ensuite vers Nevers au xviie siècle.
Le xviiie siècle sera marqué par une multiplication du nombre de manufactures de faïence en France. Trois raisons historiques expliquent cet exceptionnel développement:
L'âge d'or de la faïence en France fut indirectement lié à la politique extérieure de Louis XIV. Pour financer ses nombreuses et ruineuses guerres contre des puissances étrangères, le souverain français demanda que soient fondus tous les objets et meubles en or et en argent du royaume. Cette décision affecta directement les services de table de l'aristocratie, qui se tourna alors vers la faïence.
La mode des armoiries, au début du xviiie siècle, incita par ailleurs les nobles à faire réaliser des services en faïence ornés des armoiries familiales.
Enfin, le long essor économique de la France permit à la bourgeoisie de devenir une clientèle nouvelle pour la faïence. Néanmoins certaines manufactures comme celle de Rouen, fondée par Masséot Abaquesne autour de 1526, purent se développer plus tôt grâce à la présence d'une forte demande locale et une position géographique stratégique.
Pot A Pharmacie - Nevers - 18ème Siècle
La technique de la faïence, avec son engobe blanc et son décor peint, sera introduite dans le reste de l'Europe par les potiers italiens passés maîtres dans l'art de la majolique. Les Hollandais deviennent de fins connaisseurs des porcelaines chinoises grâce à leur Compagnie des Indes ; ils remettront au goût du jour l'émail blanc délaissé par la majolique italienne.
Chassés par les persécutions religieuses, de nombreux potiers de Delft quitteront la Hollande pour l'Angleterre pour y introduire une faïence qui prendra alors le nom de Delftware.
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