L'histoire de l'hôpital proprement dite commence dès le vie siècle, quand il devient une institution. Ce n'est qu'au viiie siècle que l'hôpital est créé officiellement, repris au Moyen Âge par l'Église. Il prend son sens avec les Croisades et l'arrivée de grandes épidémies puis l'accueil des pauvres et des exclus. L'hôpital est assimilé à l'hospice. La médicalisation qui se met en place à la fin du xviiie siècle engendre nombre de conflits avec le personnel religieux mais va progressivement faire apparaître l'établissement de soins que nous connaissons.
L’hôpital du ve au xve siècle : œuvre de charitéPour une histoire médiévale de l'hôpital en France, voir aussi
Maisons de charité au Moyen ÂgeLes originesDurant l'Antiquité, l'hospitalité, l'aide et l'assistance se pratiquent dans les maisons privées et sont conçues comme des obligations familiales ou ressortissant de quelques groupes particuliers où on cotise volontairement, les collèges qui assurent également une sépulture décente. Dès lors, il n'y a à proprement parler ni lieux publics d'hospitalité pour les pauvres, les vieillards ou les invalides, ni établissements collectifs pour les soins médicaux. L'étranger est toujours considéré comme un ennemi, au mieux comme quelqu'un auquel on ne doit rien. On note cependant la présence de certains lieux d'hébergement public, comme le Prytanée ou le temple d'Asclépios ainsi que les infirmeries militaires romaines, destinés à accueillir les soldats malades.
C'est avec le Christianisme d'État qu'apparaît l'idée d'une assistance fondée sur la nouvelle spiritualité et qui ne serait plus réservées aux parents et aux membres affiliés au groupe, mais publique, c'est-à-dire offerte à tous, amis ou ennemis, familiers ou étrangers. Le Code de Justinien établit en 529 que l’hôpital devînt une institution : on y prévoit une administration ainsi que des lois qui réglementent son fonctionnement. C'est à Marseille, au viiie siècle qu'est fait pour la première fois mention d'une institution publique, puisqu'un legs prévoit qu'y soit fondé et entretenu un lit.
Au Moyen Âge, en Europe les hôpitaux se trouvent étroitement liés à la religion puisqu'ils sont fondés par l'Église et administrés par des membres du clergé. L'idée d'assistance est fondée sur les consignes du Christ : accueil des humbles, miséricorde envers les affligés… puis par la suite, l'idéal de pauvreté s'ajoute à celui de la charité.
L'assisté est un pénitent, et sa souffrance, soulagée par la compassion, est une occasion de rachat (saint Augustin).
Ainsi, à partir du xie siècle, la charité hospitalière devient une des formes concrètes de la spiritualité, laïque et cléricale.
L'hôpital appartient au patrimoine ecclésiastique, ainsi, il est placé sous l'autorité de l'évêque et les ressources financières des hôpitaux proviennent uniquement de la charité individuelle. L'hôpital ressemble beaucoup à une église : on voit se créer de nouveaux ordres spécialisés (Ordre du Saint-Esprit, de Saint-Jean de Jérusalem…) et son architecture est très largement inspirée des monuments religieux.
L'hôpital n'est pas encore un lieu de soins médicaux. Il accueille trois catégories de personnes : les pauvres malades, les vieillards et infirmes, les enfants abandonnés ou orphelins. On en trouve dans presque tous les villages de France. À la suite du développement des villes, l'hôpital doit aussi évoluer ; on voit se créer de nouvelles formes d’assistance : les Hôtel-Dieu d'abord à Paris puis à Angers, Lyon…
Durant la civilisation islamique médiévaleÀ l’âge d'or de la civilisation islamique médiévale, c'est au nom de Bimaristan qu'était désigné un hôpital et au sens moderne du terme, un établissement où les malades étaient accueillis et pris en charge par un personnel qualifié. Ainsi, les médecins musulmans ont été les premiers à établir une distinction entre un hôpital et les différents types d’accueil comme les temples de guérison, temples de sommeil, Hospices, Asiles, Lazaret et Léproseries qui, dans l’Antiquité répondaient davantage à une préoccupation d’isoler les malades et les fous de la société « plutôt qu'à celle de leur offrir l’espoir d’une véritable guérison. » Les Bimaristans médiévaux sont donc considérés comme les premiers hôpitaux au sens moderne du terme. Les premiers hôpitaux publics, les premiers hôpitaux psychiatriques, les Écoles de médecine et les Universités ont également été introduites par les médecins musulmans.
Le problème des épidémiesAu Moyen Âge, avec les croisades et la (re)découverte de l'Orient, apparaissent les grandes épidémies en Europe : Peste noire, lèpre… et l'hôpital n'est pas adapté pour accueillir les malades, les soigner (très relatif) et endiguer la propagation de l'épidémie. Les solutions apportées furent dans un premier temps, l'isolement des malades chez eux, puis la fuite des bien-portants. Mais, ce système a ses limites, c'est pourquoi, très rapidement, a été mis en place en France l'isolement institutionnalisé des malades par la création des léproseries, des maladreries et des lazarets maritimes.
Les hôpitaux qui ouvriront plus tard en Europe au moment des croisades ont été inspirés par les hôpitaux du Moyen-Orient. Le premier hôpital de Paris, les Quinze-vingts a été fondé par Louis IX après son retour de la septième croisade entre 1254 et 1260.
L’hôpital au xviie – xviiie siècle : œuvre de bienfaisanceLa compassion moraleÀ la fin de la Renaissance, la notion de pauvreté quitte la sphère théologique pour devenir un problème politique, en effet, l’hôpital-charité accueille à tout-va : mendiants, exclus… au point de devenir un refuge pour les sans logis, fonction qu'elle n'avait pas au départ. De plus, des abus et des désordres financiers viennent ternir la vocation ecclésiastique de l’hôpital. Ce qui par exemple entraîna en 1505 la transmission des pouvoirs administratifs de l'Hôtel-Dieu de Paris, jusqu'alors confié aux moines, à huit bourgeois parisiens.
Au xvie siècle, l'hôpital continue d'accueillir les passants et les mendiants, mais on commence à restreindre leurs entrées au profit des malades curables.
La solution administrative et répressivePar un édit du 27 avril 1656, Louis XIV crée L'Hôpital général, qui prend la suite d'anciennes structures hospitalières (tels le « Grand bureau des pauvres », et « l'Hôpital des pauvres enfermés »). L'édit est complété par un règlement qui précise les missions de cette nouvelle structure administrative, étendue à partir de 1662 dans toutes les grandes villes de France. À Paris, l'Hôpital général administre plusieurs sites : la Salpêtrière, Bicêtre, la Pitié, la Maison Scipion, et la Savonnerie, auxquels s’adjoindront plusieurs autres structures au fil du temps. L'institution est dirigée par 26 gouverneurs laïcs, placés sous l'autorité du Président du Parlement de Paris et de son procureur général, auxquels s'ajoutent l'archevêque de Paris, le lieutenant de Police, et le prévôt des marchands de la Ville de Paris. En complémentarité de l'Hôtel-Dieu, l'Hôpital général est d'abord destiné aux « pauvres mendiants », terme qui regroupe une certaine catégorie d'individus, poussés à la mendicité par les guerres et les troubles économiques, où sont distingués les mendiants valides (adultes), et les enfants et vieillards. La première mission de l'Hôpital est le soin et l'assistance : on retrouve la présence d'un médecin, et même d'un service pharmaceutique. Une seconde fonction est celle de la sûreté et du contrôle : il s'agissait d'enrayer la mendicité, avec des mesures d'enfermement. Avec le temps, l'Hôpital général exercera son contrôle sur une maison de force, avec la détention de prostituées, de handicapés, et de nombreuses personnes jugées indésirables ou pouvant causer du trouble.