CHRONOLOGIE - D’après un rapport d’expertise, la grand-tante du petit garçon serait l’autrice de plusieurs lettres anonymes. Coups de théâtre, dérives médiatiques, fiasco judiciaire, secrets, mensonges, jalousies et haines recuites familiales : l’enquête sur le « fait divers du siècle » dure depuis près de 36 ans.
Plus de trente-six ans après les faits, nouveau rebondissement dans l’affaire de l’assassinat du petit Grégory, retrouvé mort ligoté dans les eaux de la Vologne (Vosges) en 1984. Un rapport d’expertise en stylométrie désignerait, avec une « forte probabilité », Jacqueline Jacob, la grand-tante du garçon, comme principale autrice des lettres du corbeau,
rapporte 20Minutes.36 ans après, la vérité n’a pas encore éclatéTout commence le 18 octobre 1984. Sous le choc après la révélation, au journal télévisé, de l’assassinat du petit Grégory Villemin, la France entière a les yeux rivés sur Lépanges-sur-Vologne. Âgé de 4 ans et demi, le petit garçon a été retrouvé le 16 octobre noyé dans la Vologne, une rivière des Vosges, pieds et poings ligotés. Son portrait fait la une des médias, un cliché qui ne cessera de hanter les esprits au fil des rebondissements. Qui a pu commettre ce crime particulièrement odieux ? Après avoir déchaîné les passions et créé une véritable folie médiatique dans la France du début des années 80, la question hante toujours les enquêteurs : trente-six ans après le meurtre de Grégory Villemin, la vérité n’a pas encore éclaté dans une affaire considérée comme l’un des dossiers les plus énigmatiques de l’histoire criminelle en France. Et l’imbroglio judiciaire continue…
Voici les grandes dates de l’affaire Grégory, l’un des plus longs feuilletons judiciaires de la fin du vingtième siècle.
Christine Villemin et Jean-Marie Villemin, les parents du petit Grégory,
le 23 novembre 1984 à leur domicile dans les Vosges.
1984 : le corps du petit Grégory est découvert noyé dans la Vologne
Christine et Jean-Marie Villemin après la découverte du corps de
Grégory dans la Vologne, le 16 octobre 1984.
Archives AFP
J’ai pris le fils du chef, je l’ai mis dans la Vologne. Le corbeau
L’affaire Grégory débute en réalité en novembre 1981. Un corbeau commence alors à harceler au téléphone Albert et Monique Villemin, les grands-parents de Grégory, prenant pour cible presque tous les membres de la famille, dont il connaît les moindres faits et gestes. Les lettres anonymes succèdent aux appels. Le harcèlement cessera le 17 mai 1983.
Le 16 octobre 1984, Grégory, 4 ans et demi, disparaît devant le pavillon de ses parents, Christine et Jean-Marie Villemenin, à Lépanges-sur-Vologne, dans les Vosges, entre 17 h 05 et 17 h 15. À 17 h 26, le corbeau appelle : « J’ai pris le fils du chef, je l’ai mis dans la Vologne. » À 21 h 15, le soir même, le corps du petit garçon est retrouvé dans les eaux de la rivière, à Docelles, à 6 km de son domicile, pieds et poings liés. Postée à Lépanges aux alentours de 17 h 15, une lettre du corbeau, adressée aux parents de Grégory, revendique le crime.
Le 2 novembre, Murielle Bolle, 15 ans, affirme devant les gendarmes que son beau-frère, Bernard Laroche, cousin de Jean-Marie Villemin, père de Grégory, a enlevé le petit garçon, le 16 octobre, et qu’elle était dans la voiture. Le 5 novembre, Murielle Bolle réitère dans le bureau du juge Jean-Michel Lambert les aveux faits la veille. Bernard Laroche est aussitôt arrêté, inculpé et écroué. Le lendemain, sa belle-soeur, accompagnée de sa mère, revient voir le juge et se rétracte, prétendant que ses aveux lui ont été extorqués.
1985 : le père de Grégory tue Bernard Laroche. Le juge inculpe la mère du petit garçonBernard Laroche a été le premier suspect de l’affaire avant d’être libéré en 1985.
Archives AFP JEAN-CLAUDE DELMAS
Le juge Lambert libère Bernard Laroche, le 4 février 1985. Ce dernier reste inculpé. Le 25 mars, une expertise graphologique désigne Christine Villemin, la maman de Grégory, comme possible corbeau. Le 29 mars, convaincu de la culpabilité de Bernard Laroche, Jean-Marie Villemin, tire à bout portant sur son cousin qui meurt sur le coup et se constitue prisonnier. Il restera en détention provisoire jusqu’au 24 décembre 1987, puis sera mis en liberté surveillée jusqu’à son procès, en 1993.
« Le fait divers du siècle »
Le 5 juillet, sur la base de l’enquête du SRPJ de Nancy, le juge Lambert inculpe Christine Villemin, de l’assassinat de son fils. La mère de Grégory, enceinte, est écrouée. Ses avocats font appel, elle est libérée seize jours plus tard.
Christine et Jean-Marie Villemin, les parents du petit Grégory, le 4 juillet 1989
au tribunal de Dijon.
Archives AFP / GERARD CERLES